Reconquètes


RECONQUETES


Envahissez l’envahisseur !

Le syndrôme de la viande pourrie : des victimes d’incestes ressentent leur corps comme une viande pourrie [i]. Le corps, les sensations qu’il force à re-re-ressentir, à vie, envahi par la gangrène puante du souvenir[ii], viande sans vie. Le corps, tel le cadavre auquel on ligotaient des condamnés jusqu’à ce que mort s’ensuive[iii]. Le corps que les violées lavent et relavent. Le brûler ?[iv]
Ou le gaver d’autres sensations, souvenirs, pour repousser, contenir les anciens ? Vivre le nouveau, le présent, même s’il est contaminé par le souvenir pourri aussi, pour se remplir d’AUTRES souvenirs, aussi. Avec un corps si marqué, tuer soi même son corps à soi, son corps propre, comme les renards rongent la pate prise dans le piège du trappeur, pour s’enfuir. S’emplir de miel, jouer à Winnie l’Ourson, pour penser au goût du miel et moins souvent au goût d’autres choses. Envahir l’envahisseur.

L’Allemagne n’appartient pas qu’à un bouffeur de merde [v], ceux qui restent submergés par cette vision deviennent malades, ( ou effacent leur culpabilité en suivant le modèle du petit brun à moustache), les autres emplissent l’Allemagne de questionnements sur elle même, d’innovations politiques (Les Verts), pour en faire autre chose qu’un territoire « maudit », retrouver Goethe, Mozart...

« Le langage est notre maison »[vi], et notre maison est envahie de prostitution, de boue. Alors il faut la remplir d’autres sens, pour que la boue n’y ait plus de place.
« Pédés, gouines ... » disait un placard à l’attention des usager^s du centre gay et lesbien. Juif, dirent les juifs qui en avaient marre d’être appelés Israélites, juif n’est pas un gros mot.[vii] Une profession au féminin c’est « logique »[viii], ça ne rime pas qu’avec pute[ix], les noms des femmes professionnelles du moyen âge, reconquérons les, le titre de dame pour toutes les femmes et jeunes filles « nobles »[x], reconquérons le...

Mais pourquoi se battre ?

On peut même faire mieux que reconquérir : conquérir ce que l’on n’a encore jamais eu !

                                                                                                           Elisseievna




[i] Suzanne Groi [ DES victimes éprouvent ce sentiments, d’autres pas du tout ].
[ii] «  Ce qu’il y a de terrible dans la vie, c’est que l’on ne peut pas changer de mémoire » Eva Thomas
[iii] Eva Thomas
[iv] Oublier conseillent les imbéciles. Elles sourient ou rient en racontant car : « Si je le disais avec le ton je mourrais sur place » Eva Thomas.  La mémoire avec ses sensations torturantes fait peur : combien de temps pourra t on le supporter ? L’effacement de la mémoire fait peur : si la douleur ressurgissait à l’improviste, on en mourrait sur place.
[v] Hitler, comme les scarabés,  était coprophage, c’est à dire bouffeur de merde.
[vi] Godard,  film «  Deux ou trois choses que je sais d’elle »
[vii] Peut être que les roms qui rejettent le beau nom de tsygane parce qu’il est utilisé comme insulte par les roumains, devraient aussi « reconquérir » ce mot.
[viii] Selon l’expression d’une députée
[ix] Lire dans Marina Yaguello (et Isabelle Alonso) l’analyse de la dérive de tous les désignations, professionnelles ou non, des désignations, vers la connotation de   « pute ».
[x] le terme demoiselle étant utilisé pour les femmes de plus petite noblesse que les dames cf dictionnaire étymologique Larousse et Beaucarnot « Votre nom et vous » ( «  Rabbi Shlomo posait cette question : « Quel est le pire mal que puisse faire le Mauvais Penchant ? » Voici la réponse qu’il faisait lui même : « C’est lorsque l’homme oublie qu’il est fils de roi. »  Martin Buber Les récits hassidiques Editions du Rocher 1978)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire