GPA : Sainte Marcella de la Désincarnation se répand …



Quel soulagement : celle qui paraissait la plus « crédible » comme avocate de la GPA, la juriste s’estimant « féministe », placée au CNRS, Marcella Jacub, dévoile le peu de cas qu’elle fait du droit …
Elle se répand, dans un livre sur DSK, dans une violence répugnante, contre cet homme, alors qu’une juriste devrait savoir, qu’aussi coupable ou abjecte ( je parle non pas de DKS, mais en général, je ne peux pas savoir si ces qualificatifs s’appliqueraient ou pas à son comportement)  que puisse être une personne, la vengeance pratiquée en la trainant inutilement dans des tombereaux de fange, est condamnable dans l’esprit du droit, et bien sûr moralement.
Donc Sainte Marcella de la Désincarnation, grande ergoteuse devant l’Eternel, sur l’absence d’incidence de la grossesse sur les droits, grande défenderesse du droit de se prostituer « librement », grande prêtresse du sacrifice de la santé des femmes sur l’autel de la reproduction des gènes des hommes riches, grande Inquisitrice, au nom d’un prétendu « Universalisme » de toute personne osant murmurer que le corps existe, que le corps importe, que des gens souffrent par le corps, naissent d’un corps de femme, grande Théoricien d’un ordre encore plus désincarné que toute les théologies chrétiennes réunies, Sainte Marcelle de la Désincarnation, donc, vient de montrer sa vision des choses : la princesse répand une bave de grenouille/crapaud, vomit du lisier de « porc » avec contentement sur un homme, sans doute critiquable, sans doute dont le comportement apparait comme écoeurant, peut-être condamnable,  mais dont il n’est absolument pas acceptable, de s’amuser à dire en long en large et en travers, qu’il l’est ou le serait lui-même.
Petite fille de Rabbin en plus nous précise le Nouvel Observateur ! Mais il y a-t-il un seul juif un tout petit peu conscient au Nouvel Observateur, pour tolérer ce fleuve abject de « mauvaise parole » comme disent les talmudistes ?!  Son grand-père de Rabbin doit se retourner dans sa tombe, voilà ce qu’il doit en penser !
Au moins, je suis soulagée : les grandes leçons de morale de cette « juriste » peu pratiquante, élucubrante bien  au chaud du CNRS,  sur l’abomination de l’interdiction de la GPA , auront désormais, c’est certain, aux yeux de tous ceux qu’elle aura dégoutés, bien moins de poids.

LE BIEN ET LE MAL ESQUISSE DE MORALE, FEMINISTE ET ATHEE


texte de 2001 

PHILOSOPHIE DU DROIT DES FEMMES
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LE BIEN ET LE MAL

 ESQUISSE DE MORALE, FEMINISTE ET ATHEE 



Définir ce que l’on conçoit comme « bien agir » et comme « mal agir », c’est définir la norme de son action, de son jugement. C’est l’acte d’auto-nomie, de poser ses propres normes, de définir sa propre loi.
Il est impossible d’être « autonome »,  il n’y a pas de pouvoir « législatif », sans ses définitions.

Beaucoup de gens s’interdisent d’utiliser les mots de morale, de bien et de mal, sous prétexte qu’ils seraient religieux. C’est une réaction absurde, car elle revient à reconnaître à la religion le droit exclusif de définir ces notions, alors que c’est précisément ce qu’ils disent contester.
L’autonomie, ce n’est pas de transgresser, c’est de définir sa propre loi, sa propre morale.

La morale que nous essayons d’esquisser ici, n’a donc rien à voir avec une ou des religions.



AXIOMES


Le mal est ce qui fait du mal à une personne,  sans être nécessaire pour éviter à une personne un mal plus grand encore.
Lorsqu’une personne essaie de faire obstacle à un agresseur, le mal qu’elle lui fait n’est pas une faute.
Ce qui ne fait de mal à personne n’a pas à être interdit. 

La moindre atteinte à une personne est plus grave que la pire atteinte à une chose ou à une entité.

Le mal, tout simplement, c’est ce qui fait mal, ce qui fait souffrir.


LA SOUFFRANCE COMME UNIVERSEL …MAIS « L’UNIVERSEL COMME TORTURE »

La souffrance est un élément universel. Les souffrances : la faim, le froid, la douleur, la peur, la tristesse, l’angoisse, sont des sensations et sentiments communs à tous les êtres humains. Les expressions et les gestes qui les traduisent, les regards, les crispations du visages, les pleurs ou la tension, l’épuisement sont également universels, communs à toute l’humanité.

La souffrance est aussi une construction conceptuelle donc culturelle, historique et relative. D’où les différences, d’une culture ou d’une époque à l’autre, entre les souffrances reconnues et celles qui sont impensables, qu’il est interdit d’exprimer, les choix parmi les expressions autorisées de la souffrance, les manières de lui faire face : individuellement, en groupe, par l’intermédiaire de soignants, de rituels, de drogues, de procédures, d’institutions...

La souffrance est encore un élément individuel, relatif au sujet lui-même, seul apte à dire s’il souffre ou pas, et de quoi etc.

Parmi les éléments universels de la souffrance, il y a le fait d’ «être parlé» par les autres, d’être parlé ou  traité comme si l’on n’était pas ce que l’on est ou comme si on ne disait pas ce que l’on dit, d’être confondu avec ce que l’on n’est pas.
Une des manières d’infliger cette forme de souffrance à un être, est de le dépouiller de tout ce qui lui est personnel, particulier, de le réduire à un être humain « universel » parce que dénudé, totalement nié : le numéro des camps, l’être réduit à la seule pensée de la souffrance par les tortionnaires ; parfois le patient « raconté » selon une théorie qui n’a rien à voir avec son histoire, mais qui se prétend « universelle ». Françoise Sironi, ethno-psychiatre, parle à ce propos de l’universel comme d’une torture.

Parce que la souffrance est un élément universel, tout être humain peut comprendre la souffrance de l’autre, se mettre à sa place .
Nous sommes faits des mêmes sortes de cellules, des mêmes nerfs, des mêmes muqueuses, de la même angoisse de la mort, de l’isolement. Certes, on peut ne pas percevoir immédiatement, spontanément la souffrance d’autres. Certes on ne ressent pas exactement les mêmes sensations avec son propre corps et son propre passé.
Mais nous sommes tous capables de voir les signes de la souffrance chez l’autre, tous suffisamment semblables pour être capable d’imaginer, de nous représenter ce qu’il ou elle ressent. Grâce au langage, au langage commun, vecteur d’ »universel », que nous sommes capables d’élaborer avec l’autre, cette transposition est possible ou meilleure.
Nous sommes suffisamment capables de nous représenter ce que l’autre ressent, pour être capables d’imaginer ce qu’il faudrait faire pour qu’elle ou il n’en souffre plus, ou moins.
En particulier, les hommes sont parfaitement capables de comprendre le mal que subissent les femmes, à cause de ce qu’ils leur font ou de la situation à laquelle ils les contraignent, et ce qu’il faudrait faire pour l’arrêter.



NE FAIS PAS A AUTRUI CE QUE TU NE VOUDRAIS PAS QU’IL TE FASSE


D’un point de vue thérapeutique, l’aspect relatif de la souffrance, relativité individuelle et relativité culturelle, est le plus important, car le thérapeute soigne le mal particulier d’un individu particulier, dans sa vie, son histoire, ses liens à lui, il soigne d’autant mieux qu’il connaît mieux les particularités de la personne souffrante, et risque par contre d’amplifier le mal s’il n’en tient pas compte.
Pour pouvoir aider, il faut accepter de connaître le mal tel qu’il est réellement, c’est le plus important.
Puis, pour connaître ce mal de l’autre, il faut accepter de reconnaître qu’il y a un langage commun, « universel », entre l’autre et nous.

D’un point de vue éthique au contraire, l’aspect universel de la souffrance est le plus important : c’est parce que je peux comprendre et ressentir la souffrance de l’autre que je suis responsable du mal que je lui fais.


UNIVERSALISME  / PSEUDO - UNIVERSALISME


L’universel est :
- ce qui concerne, s’applique à tout le monde
- ce qui est commun, universellement partagé par tout le monde.

Le groupe dominant confondant ce qui lui est propre avec ce qui est normal, confond ce qui lui est particulier avec l’universel au sens de ce qui est universellement partagé par tout le monde.
Par voie de conséquence, ce groupe confond l’application à tout le monde de ce qui est bon pour lui, avec l’application à tout le monde de quelque chose qui serait bon pour tout le monde.

L’universel est invoqué comme prétexte pour faire taire celles et ceux qui tentent de faire entendre que, compte tenu de la situation où ils se trouvent personnellement ou bien de celle se trouvent où toutes les personnes appartenant à leur groupe, minoritaire ou dominé, ce qui est bon pour le groupe dominant est mauvais pour eux.
Interdiction de parler de particulier, objecte le pseudo universaliste.

L’universel est invoqué comme prétexte du dominant pour ne pas entendre le mal qu’il fait au dominé.

Son universalisme est un pseudo-universalisme, car refusant de connaître ce qui est réellement vécu par tout le monde, le dominant est bien incapable de connaître ce qui est réellement commun à tout le monde, et en conséquence, bien incapable d’élaborer des projets qui, en s’appliquant à tout le monde, serait effectivement également bénéfiques pour tout le monde.







AXIOMATIQUE


La définition que nous avons donnée plus haut du mal est un axiome.
Nous ne pouvons pas le démontrer.
La (une) morale dit ce qui doit être, elle est pur choix de ce qui doit être.
Ce choix est pure décision, engagement dirait peut-être Sartre, acte de volonté.

Notre choix de ce qui doit être ne dépend pas de ce qui est.
La science parle de ce qui est, la morale de ce qui doit être.
Aucune science (linguistique, anthropologique, psychologique ou autre), description de ce qui est, n'a rien à dire sur la morale, sur nos choix de ce qui doit être :
"Je suis souvent étonné que les hommes instruits et intelligents ne le saisissent pas : le choix des valeurs, pour un homme, ne dépend pas de son savoir, que celui ci concerne la nature, l’histoire ou n’importe quel autre domaine."[1]
Même l’impossible n’est pas un obstacle à notre volonté.
 « Supposons que quelqu’un réussisse à prouver qu’une société égalitaire est impossible du fait - notamment -  des différences entre les hommes, cela suffirait-il pour que les hommes renoncent à l’idéal d’égalité, cessent de lutter et même de mourir pour une société qu’ils aspirent à réaliser ? "[2]
D’ailleurs, qui parle d’impossible … « Il est interdit d’interdire d’espérer »[3]

Rien  ne peut prouver que notre choix est bon :  c’est notre choix qui dit ce qui est bon.

Un nazi disait « Il fallait tuer des millions de personnes, et seuls les allemands le savaient ». Personne ne peut lui démontrer qu’il a tort : par rapport à sa conception de ce qui est bien et de ce qui est mal, il a  nécessairement, logiquement raison.
Pour nous, ceux qui tuent au nom de ce qu’ils appellent dieu et conformément à leur morale, sont des salauds, selon la nôtre.

Que la définition du bien et du mal, la conception de la morale, soit axiome, ne signifie pas que toutes les morales se vaudraient, étant toutes improuvables.
Dire que toutes les morales se valent, suppose de penser qu’il n’y a pas de critère d’appréciation de la valeur en dehors d’une preuve éventuelle. Pour nous il y a un critère : c’est justement celui posé par notre axiome, et c’est en fonction de lui que nous évaluons les conceptions morales.

Partant d’un axiome, du choix de ce qui considéré comme mal, la morale (l’éthique), est l’étude des implications des notions de bien et de mal, des liens entre eux des principes moraux qui peuvent en découler, la recherche des conséquences pratiques des principes théoriques, avec l’aide ici des sciences. Ici seulement, joue la « preuve » : preuve de cohérences ou non, démonstrations de liens de cause à effet, entre les éléments de la morale, basée sur telle ou telle axiomatique, preuve que pour éviter tel mal il faut remettre en cause tel principe qui aurait pu paraître juste au premier abord etc.

Les « axiomes » cités ci dessus, pourraient être rédigés autrement tout en ayant à peu près le même sens. A  partir d’une conception fondamentale identique du mal, d’ « axiomes » d’  « une » même morale de base, il peut y avoir plusieurs visions de la morale, plusieurs ensembles différents de principes que l’on croit pouvoir déduire des principes de base, . A partir des visions différentes d’une même morale, et aussi des autres conceptions morales, on peut comprendre, avoir des informations sur la situation des gens qui ont ces conceptions. C’est pourquoi, si l’on veut « être moral », c’est à dire si l’on veut bien entendre ce qui peut faire du mal aux autres, si l’on veut s’assurer de la cohérence de notre vision morale, il faut (entre autres données) étudier celle des autres : la morale suppose de se garder de  parler de « la morale » comme s’il ne pouvait y en avoir qu’une seule version, que l’on serait censés connaître à priori.

Adopter telle ou telle morale est un acte de volonté : on choisit de croire que telle ou telle morale est la bonne.  On choisit de croire que faire du mal à une personne est le mal, de croire qu’il faut agir afin de pouvoir vivre ensemble, tous ensemble, ou on choisit la loi du plus fort et le règne des molochs en tous genres.
Rien ne peut nous faire pencher spontanément d’un côté ou d’un autre.
Ce n’est pas, comme le dit Lévinas, le visage de l’autre qui peut suffire à nous appeler à ne pas le faire souffrir. Ce n’est pas non plus le constat de la victoire des sans scrupules, des « sans foi ni loi » des cyniques, de la loi du plus fort, de la persistance de la domination, qui peuvent nous faire passer l’envie et nous faire renoncer à la volonté de construire un commun-être, de nous « élever » plus haut que leurs « basses » satisfactions de profiteurs.
Non les profiteurs et les pervers ne sont pas malheureux, mais alors pas malheureux du tout, que l’on cesse de nous faire pleurer sur le sort de « ces pauvres hommes victimes du machisme ». Certes certains le sont, emmêlés dans des contradictions venant d’idées fausses etc.. Mais ceux qui ne se posent pas du tout de question, ceux qui profitent de leur pouvoir sur les femmes, pour en faire leur esclave domestique, pour les pressurer , s’amuser à les humilier, s’amuser avec leur corps :ceux là jouissent à plein et du confort que leur fournit le travail des femmes  et de la satisfaction physique, animale que donne la domination de l’autre: que peut leur faire un manque de communication réel ? rien du tout, ils sont heureux toute leur vie comme ça, des générations d’hommes qui ont profité de ces satisfactions là. Les salauds ne sont pas malheureux, qu’on arrête de les plaindre, et de croire qu’ils changeront tous seuls, sans luttes, sans luttes féministes.


Notre morale, féministe, est tout à fait athée, sans la moindre référence à la notion de dieu.
La morale n’est pas seulement la morale religieuse. Il est vraiment agaçant, dès que l’on souhaite parler d’une réflexion sur les fondements des choix, de voir le degré d’allergie, de crainte, que suscite le mot « morale », tellement les religieux sont parvenus à se l’accaparer.
Pour justifier ce que nous refusons, en tant que féministes, pour savoir ce que signifie « responsabilité », il faut avoir une conception claire, tout du moins assez bien définie, de ce que l’on considère comme acceptable et au contraire de ce que l’on considère comme fautif, il faut avoir un critère de valeur, c’est à dire une conception de ce qui est mal et de ce qui ne l’est pas. Les féministes peuvent prouver mille fois, par une analyse matérialiste, que tel « droit » aboutit à nuire physiquement et économiquement aux femmes, elles ne seront même pas écoutées  si le « droit de choisir » est décrit comme droit fondamental, indiscutable, si vouloir le limiter est considéré comme odieux.
Or à écouter certains, il faudrait s’abstenir de réflexion sur des sujets aussi fondamentaux, il faudrait s’interdire de poser les problèmes dans les termes qui permettent de les résoudre, c’est à dire en terme de bien et de mal, tant est forte la crainte d’être absorbés par la pensée religieuse… C’est extravagant.
En fait, ça ne l’est pas tellement : il est si facile, sous prétexte de ne pas « porter de jugement de valeur », de passer sous un silence pudique les vrais critères de valeur que l’on utilise. Derrière un anti-dogmatisme de façade, une ouverture affichée au libre choix, il suffit de chercher un peu pour trouver que la seule valeur défendue est la liberté totale des hommes qui refusent d’être jugés. Il ne suffit pas de s’afficher anticlérical pour être féministe. Pour les femmes, cette forme d’ultra libéralisme ne vaut pas mieux que l’idéologie sexiste des religieux.
Par contre ce qui est vrai, c’est que parler de choix, d’acte de volonté, la volonté de s’ « élever » au dessus d’une forme de bestialité (loi de la survie aveugle et du plus fort), volonté de croire à telle conception, ressemble au vocabulaire de la foi. La morale est une forme de foi en quelque chose, de volonté de croire qu’il faut agir conformément à ce que l’on croit être bien, mais il n’y a aucune nécessité à mêler une idée de divinité aux questions de la morale.


PRIMAUTE DE  L'ETRE HUMAIN SUR TOUTE  ENTITE ABSTRAITE


Aucune entité, aucun groupe, aucun principe, aucune notion ne mérite qu’on lui sacrifie des personnes.

A qui dans le groupe ( nation, famille…) profite le sacrifice demandé ?
Quand une femme fait le ménage pour « la famille », quand une femme battue restait mariée, quand on faisait taire les enfants violentés pour conserver « la famille », c’est bien l’homme qui profitait du sacrifice à « la famille ». 
Il est odieux de « faire des enfants pour la nation », c’est à dire de la chair à canon, ou de la main d’œuvre pour les retraites des parents, pour le développement du pays, c’est à dire pour ceux qui peuvent profiter de ce développement …

Les structures étatiques ou communautaires, les principes, les traditions, les cultures, la beauté etc, sont faites pour aider les gens à vivre, et non l’inverse :  les gens ne sont pas faits pour maintenir des institutions et des idées.

Comment peut-on, pourquoi, obliger un enfant qui pleure à l’idée d’aller voir son père à y aller ? Il faudrait « maintenir  les liens ».. absurdité : les liens ne valent que s’ils sont bénéfiques pour les personnes qu’ils unissent.
Il faut renverser la perspective, s’intéresser à la souffrance de l’enfant, qui surgit à cette occasion, s’intéresser au parent rejeté, qui a peut être besoin d’aide.

Nous tenons aux vieilles pierres, aux œuvres d’art, aux paysages, mais si demain, pour sauver une seule vie humaine, il fallait changer de planète, alors il faudrait tout laisser et partir…

Il faudrait souffrir pour être belles, nous serions responsables la beauté du monde. Absurde, il n’y a aucune beauté dans la souffrance, dans une beauté qui abîmerait les corps, il n’y a qu’instrumentalisation du corps féminin au profit de la vanité du « propriétaire » masculin de ce corps.

Tenir à son « identité » au sens de ce que nous avons fait de nous-même, c’est tenir à la liberté de continuer à faire ce que nous aimons, c’est à dire ce que nous sommes. L’identité « collective », la culture peut faire partie de ce que l’on aime, et en ce sens de ce que l’on veut continuer à être, de ce à quoi l’on souhaite continuer à s’identifier. Il faut avoir la liberté de le faire. Par contre, la préservation des identités communautaires historique n’est pas un objectif en soi, elle ne doit pas empiéter sur la liberté des individus.
Organiser l’éducation et le quotidien des gens pour maintenir à n’importe quel prix des « identités », traditions, obliger les nouvelles générations à ne vivre qu’en gardienne du musée des anciennes générations, mutiler mentalement et physiquement, emprisonner les femmes, pour préserver la « féminité », n’a aucun sens.
Par contre évidemment cela profite à certains : ceux qui briguent les postes de pouvoir à la tête des communautés constituées autour de l’idée de ces identités, ceux qui peuvent profiter des femmes que leur éducation « féminine » rend plus faciles à exploiter.

Les principes sont là pour guider, enseigner, choisir l’action qui permet le moins de mort. Mais ils ne sont que des instruments, maintenir le principe n’est pas un objectif.
La loi peut être mise de côté pour des raisons de vie et de mort, puisque le but de la loi c’est la vie, pas le respect de la loi. Le temps, l’urgence, fait souvent que ce qui est un bon principe quand on a le temps, devient une source de catastrophe quand il fait défaut.
Les hommes de Srebrenica[4] ont respecté la loi internationale, ils ont rendu leurs armes à l’ONU : le temps que l’ONU s’aperçoive qu’il fallait les protéger, ils avaient été massacrés.
La peur de rendre tout et n’importe quoi possible si on passe par dessus un principe, une règle, est absurde. La difficulté à appliquer le principe peut montrer qu’il est défectueux. S’il ne l’est pas, s’il s’avère seulement que des circonstances particulières font que pour préserver le mieux possible les gens, il faut ne pas le respecter, alors il n’y a qu’une exception qui confirme la règle, ou qui est l’occasion de l’affiner, loin de l’affaiblir.

Au nom de quoi mourir à la guerre ? Lorsque le choix est entre la liberté et la mort, lorsque ne pas faire la guerre serait laisser les autres mourir à sa place. Alors le choix est entre la non-vie et le risque de mort, ou entre la mort pour soi ou la mort pour les autres. Alors il n’est pas absurde de mourir pour « son pays », c’est à dire pour que la liberté existe dans son pays, sur sa planète, ou pour ne pas laisser les autres être assassinés.


Elisseievna



[1] Yechayahou Leibovitz, " La mauvaise conscience d’Israël"  Le Monde éditions 1994, "Science et morale" Desclée de Brouwer 1997.
[2]  Yechayahou Leibovitz La mauvaise conscience d’Israël Le Monde éditions 1994.
[3] Nachman de Breslav
[4]  Ville de Bosniaque envahie par l’armée serbe en juillet 1995, juste après le départ de les forces de l’ONU.