Enfants maltraités : quand l’Eglise écoute et enquête …

Préambule :  le présent article est une autre forme d'hommage à Maya Surduts, dont je publie dans l'article suivant la lettre que j'avais rédigée en 1999 et qu'elle avait co-signée, en réponse à un dossier du Nouvel Observateur. 
Le rapport sur l'institut Marini contient l'observation suivante, page 74 : 

" La perception de l'abus sexuel sur enfants par les experts et le grand public : 
Dans les années 1940-1950, les premières recherches en psychologie, psychiatrie et sexologie minimisent l'impact de l'abus sexuel sur l'enfant. Inspirés par la tradition freudienne ... (...) L'impact du mouvement féministe s'avère bien plus décisif (...) c'est alors qu'émerge un problème inattendu : les violences sexuelles dont les femmes déclarent avoir été victimes durant leur enfance, la plupart du temps à l'intérieur de leur famille "




Enfants maltraités : quand l’Eglise écoute et enquête …


Fribourg, Suisse. De 1929 à 1950, l’Eglise a la responsabilité d’un pensionnat pour garçons, l’institut Marini.
2014, un ancien pensionnaire rencontre l’évêque de Fribourg, et lui raconte les violences qu’il a vécues à l’époque dans ce pensionnat …
Pour toute personne qui entend le témoignage d’une victime de crime sexuel, il est difficile de réaliser que de telles violences sont vraiment arrivées, dans la réalité … Que s’est-il effectivement passé ? Comment il est possible que ces actes aient eu lieu, durant des années ?
Mgr Charles Morerod décide alors de confier une enquête à trois chercheurs, indépendants de l’Eglise. Une année de recherches aboutit à un rapport publié sur le site de l’évêché en janvier dernier http://www.diocese-lgf.ch/accueil/abus-sexuels.html

Mon point de vue de féministe française sur l’Eglise et les crimes sexuels
De Fribourg j’avais entendu dire en France qu’elle était « Fribourg la catholique, Fribourg la noire », presqu’un second Vatican miniature.  Autant dire qu’en apprenant la nouvelle d’un scandale d’ « abus sexuels » sur des enfants dans un institut dépendant de cet évêché, j’ai été interpellée.
L’institut Marini recueillait des enfants en difficulté. Le rapport publié hier ( http://www.diocese-lgf.ch/medias/actualites/articles/article/enfants-places-a-linstitut-marini-de-montet-fr.html - http://www.diocese-lgf.ch/fileadmin/documents/Documents/Marini/Marini_resume_rapport_recherche.pdf  )  révèle que 21 enfants au moins y ont été agressés sexuellement de 1930 à 1955 par des religieux et des laïques.
Pour les féministes, l’existence d’une chape de silence autour des crimes sexuels contre les enfants est un phénomène connu, et qu’elles ont largement contribué à soulever, au prix de combats contre toutes les autorités en place, notamment le « pouvoir psy » du dogme psychanalytique. En France, c’est le livre d’Eva Thomas : « Le viol du silence », puis le roman de Christiane Rochefort « La porte du fond » qui firent connaitre cette « conspiration des oreilles bouchées » dans les années 80.
Des groupes de paroles se constituèrent. Les victimes, femmes et hommes, dirent que leurs « incestueurs » étaient majoritairement des hommes « libérés », des pères responsables se chargeant de « l’éducation sexuelle » de leurs filles, friands de pornographie. Elles dirent que les adultes ne les croyaient pas, que les prêtres les pensaient perverses, et que les psychanalystes freudiens les accusaient de « fantasmer ». Elles dirent que quasiment toutes les autorités, les familles, les écoles, les médecins, quelques soient leur classe ou leur confession, avaient la même réaction : nier, cacher le crime. Ou pire : psychiatriser les victimes et persécuter les mères ou médecins qui tentaient de protéger les enfants.
Ainsi, la longue dissimulation de ces crimes n’a rien de surprenant et rien qui serait propre aux milieux catholiques. Si je m’inquiète de l’évènement que constitue ce rapport, c’est en raison de la signification qui va lui être donnée. Je crains un nouveau contresens, au détriment des enfants.
 La question des répercutions de la théologie catholique sur les violences sexuelles est un sujet très vaste et complexe : je souligne que je ne parle dans le présent article que d’un seul de ses aspects et absolument pas du « catéchisme » dans son ensemble.
 Le commentaire le plus fréquent aujourd’hui des crimes sexuels commis par des religieux contre des enfants consiste à dire : l’enseignement de l’Eglise prône une limitation abusive de la sexualité, elle produit la frustration qui est la cause des crimes sexuels.   
Ce raisonnement est faux. L’inverse est vrai. L’enseignement de l’Eglise sur les limites de la sexualité est une protection des plus faibles contre les crimes sexuels. Elle enseigne la valeur première des personnes humaine. Les crimes sexuels ne sont pas produits par la limitation de la sexualité, mais par le culte de la sexualité, par l’idée du « droit à la sexualité ». Un culte qui légitime la réduction de personnes à l’état d’objet : il y aurait des « femmes faites pour cela ».  
Pourquoi un tel battage médiatique aujourd’hui au sujet de la pédophilie dans l’Eglise, alors que la quasi-totalité de la pédophilie est incestueuse ?  Parce que malgré ses lacunes et son restant de vanité masculine sexiste, l’enseignement de l’Eglise sur la sexualité est, et a essentiellement toujours été, un barrage «  magistral » aux crimes sexuels.
« Arrache toi l’œil s’il scandalise un petit … ! ». Qui dans le monde antique avant l’Evèque d’Epone s’écriait, parlant des prostituées, pour convaincre les hommes de ne pas les « consommer » : « Oubliez-vous qu’elles ont une âme ?! ». La « théologie du corps » de Jean-Paul II est une arme de destruction massive de toute la rhétorique perverse utilisée pour justifier les violences sexuelles et émotionnelles.
L’idolâtrie de la sexualité permet de trouver toutes les excuses au violeur. Pire, elle permet à Freud de décrire l’adolescente Dora comme étant elle, perverse et malade, parce qu’elle refuse les avances d’un adulte. Les féministes américaines Andréa Dworkin et Robin Morgan expliquaient au sujet de la « libération sexuelle » de 68 : «L’idée à la mode était que la baise était une bonne chose, tellement bonne que plus il y en avait, mieux c’était, que les gens devaient baiser qui ils voulaient. La baise s’était la liberté. » « A Woodstock ou à Altamont, une femme pouvait être qualifiée de “coincée” ou “vieux-jeu” si elle refusait de se laisser violer ».
La primauté de la personne, contre l’idolâtrie du plaisir et du pouvoir sexuel, est un enseignement qui fâche, que dis-je, qui déclenche la fureur de tous ceux qui veulent exercer ce pouvoir là sur autrui, qui veulent l’argent du « travail du sexe ». Un tiers de la bande passante mondiale d’internet est utilisée pour la pornographie. Un des hommes les plus riches de France a acquis sa fortune grâce au téléphone rose.
L’Eglise avec son enseignement de chasteté est l’ennemi à abattre. Ses prêtres, des hommes masculins, parce qu’ils sont la preuve vivante que l’amour, la force, la virilité, ne passent pas nécessairement par la case sexe, doivent être tués, médiatiquement - dans un premier temps. On ne doit plus pouvoir penser « prêtre » sans penser « prêtre pédophile ».
Le rapport de l’évêché de Fribourg doit être lu intégralement : les chercheurs qui l’ont rédigé présentent à la fois les documents, le cadre historique et idéologique, et les questionnements soulevés par ces faits, auxquels tous, catholiques ou non, devraient réfléchir.  Il ne faut surtout pas qu’il en résulte un contresens qui abattrait une pensée protégeant les enfants ...
Elisseievna
Militante féministe


Hommage à Maya Surduts - suite ....

Paris le 26 mai  1999


Le Nouvel Observateur
M. Laurent JOFFRIN
Rédacteur en chef

                                              
LETTRE AU SUJET DU DOSSIER DU NOUVEL OBS
SUR LES PERES ET LEURS FILLES

Monsieur,

Compte tenu de la gravité de la divulgation par votre journal de thèses favorables aux pères incestueux, nous vous demandons de bien vouloir publier le texte suivant, afin de donner aux lecteurs  une vision plus exacte  de la réalité de ces crimes.

Nous vous prions d'agréer, Monsieur, nos salutations distinguées.


LETTRE

Nous vous faisons part de notre indignation devant la teneur de votre dossier sur les pères et leurs filles.
Tout d'abord il est frappant de constater que les grands  titres utilisés dans ce dossier sont typiques de la rhétorique des pervers incestueux. Des expressions telles que "le couple le plus mystérieux""amoureux de sa fille, amoureuse de son père" qui relèvent du vocabulaire érotique sont transposés à la relation filiale. Il ne peut d'agir ici d'allégories innocentes, car elles représentent la confusion entre les générations, qui est une des caractéristiques de l'inceste. "Je l'ai initiée parce que je l'aime" prétendent les pères incestueurs. 
Mais le plus grave est l'affirmation explicite, se référant à la théorie classique de la psychanalyse, selon laquelle : " Tout remonte à la petite enfance, à ce complexe d'Oedipe" "La séduction de la fille est un substitut à la séduction phallique du garçon envers sa mère. Certains pères cèdent à cette séduction s'ils sont mal structurés psychiquement. D'où le nombre important d'incestes ". Imputer la cause des incestes à la séduction des pères par leur filles c'est blâmer la victime, rentrer dans la logique perverse de l'agresseur.
Pendant des décennies les cas d'incestes sont apparus  peu fréquents : pourquoi ? Parce que au nom d'une théorie du complexe d'Œdipe érigée en dogme, la psychanalyse officielle avait imposé l'idee que les filles n'etaient pas agressées en réalité, qu'elles "fantasmaient" ! Personne ne croyait les victimes … Depuis les travaux de Mary Balmary, de Jeffrey Moussaiev Masson, d'Alice Miller et d'autres psys, la théorie psychanalytique a été remise en cause au sujet de l'inceste : votre article n'en fait aucune mention.
Non les incestes ne sont pas dus à la perversion des filles, mais bien à celle des pères. Non l'inceste n'est pas une relation d'amour,  mais de destruction de l'enfant. Les pères l'imposent par la violence, la terreur, la menace, sur les enfants et sur la mère, ou par une emprise douceureuse et d'autant plus déstructurante pour l'enfant. Ils l'imposent aussi, et de plus en plus actuellement  en accusant la mère qui tente de protéger l'enfant, d'allégations mensongères, de dénonciation calomnieuses, de non-présentation de l'enfant...
Forcer un enfant à voir son père, serait ce une preuve d'amour de la part de ce dernier ?
Une campagne est menée actuellement pour discréditer ces mères. Certes, la manipulation d'un enfant dans un divorce, l'accusation fausse contre un père peuvent être dramatiques, d'abord pour l'enfant. Mais un abus sexuel subi par un enfant laisse de nombreuses traces objectives (son comportement, celui de son entourage, ses réactions, son état de santé physique et mentale…) que des psychologues et des enquêteurs de police, dès lors qu'ils font une étude approfondie, ne peuvent confondre avec le comportement d'un enfant qui aurait été manipulé. Les affaires de pseudo- souvenirs d'inceste obtenus sous hypnose aux USA, qui sont des aberrations, ne doivent pas être récupérées pour disqualifier les expertises des pédopsychiatres en France.
Nous lançons un cri d'alarme. Parmi les pervers il y a nombre d'hommes puissants, influents, manipulateurs, parfaitement capables d'orchestrer de telles campagnes. La presse doit être vigilante, ne pas se prêter à leur jeu : le sort de milliers d'enfants en dépend.

Signatures :
- Francine Comte, auteure de "Jocaste délivrée - maternité et représentation des rôles sexuels" (1991)
- Françoise Gaspard, sociologue, E.H.E.S.S.
- Maya Surduts, Elisseievna, militantes féministes





Hommage à Maya Surduts




Hommage à Maya Surduts


Une page se tourne, dans l’histoire du mouvement féministe, dans mon histoire.

Maya Surduts, âme d’une grande partie du mouvement féministe depuis les années 70, est morte ce matin, 13 avril.

Maya et moi étions proches pendant des années. 
Nous rentrions des assemblées ensemble. Nous partagions quelques mêmes passions : la messe de Pâques de la Cathédrale Orthodoxe de la rue Daru, les papiers mâchés de Palekh. 
Elle, famille juive d’Estonie, moi, juifs de .. un peu toutes les Russies. 
Son petit appartement dans un vieil immeuble a une atmosphère « typiquement russe », tons chaud, couleurs, coussins, peintures partout, miniatures, livres. Un curieux tableau grand format d’une papaye ouverte en deux … qui m’a toujours fait rire. 
Elle m’emmène voir l’expo d’un ami peintre russe. Je l’emmène en voiture … ranger la cave de son appartement trop petit, entrer dans une maison de repos de banlieue pour quelques semaines, nous rendons visite à Francine Comte (féministe, mère de quatre enfants et auteure d’un livre sur la maternité « Jocaste délivrée »)  atteinte d’un cancer.
Maya atterrit quelques semaines chez moi quand elle se casse la cheville et ne peut plus rester dans son appartement sans ascenseur. Elle fulmine contre mon fax : « tu ne maîtrise absolument pas cet appareil ! » … pour sur ! 
Je lisais Yechayahou Leibowicz (letton comme Maya puis israelien, « docteur » en série : chimie, médecine, philo, auteur de nombreux livres de morale) une autre de nos passions communes. Je lui prête le livre. Quelques mois après je passe chez elle, et je lui demande si je peux reprendre le livre : elle me répond :  « Il est aussi bien ici ! ». Le communisme en action… si ça lui fait plaisir, il l’accompagnera ...

Maya était connue pour son caractère calme … enfin pas tout à fait calme. Connue pour avoir fait politiquement les bons choix, enfin très souvent, pour n’avoir jamais été fourbe ou méchante avec quiconque. Mais Maya Surduts pensait que la politique est une affaire de rapport de force.

En 2004, je la mets en garde contre la présence de Tariq Ramadan au Forum social européen, elle ne sait pas qui il est, elle pige vite, elle ira avec Suzy Rojtman protester à l’entrée du FSE. Je lui fait part de mes lectures et réflexions sur l’islam, au fur et  à mesure de mon étude de ce sujet. Elle approuve.
C’est grâce à elle et Sylvie Jan que, de nombreux pays musulmans sont venues témoigner des femmes féministes, aux Assises pour les droits des femmes en particulier. Mon amie Shoukria Haïdar, notamment, tadjik, communiste, féministe … et alliée avec Massoud.

Puis, à un moment … elle me dit : « Tu sais qu’il y a d’autres problèmes que la laïcité ! ». Je suis peut-être un peu obsédée en effet, pensais-je, mais d’un autre côté, si l’islam l’emporte ici, comme il l’a fait en Iran, en Algérie, nos problèmes féministes on pourra se les carrer quand même !

Quelques temps après, un nouveau drame, encore une jeune fille abominablement meurtrie au nom de l’islam : moi qui crains je l’avoue de m’exprimer en public sur ce sujet, je craque, j’appelle Maya, je lui dis qu’il faut que j’explique aux filles les causes de ces actes, qu’il ne suffit pas, comme le mouvement des femmes le fait depuis des décennies, de s’en prendre aux effets, mais qu’il faut maintenant parler du droit islamique. Elle me répond, presque en murmurant : « Tu ne peux pas venir, si tu parles de ce sujet, le Collectif explose ». Elle dit vrai, sans doute, le Collectif exploserait …
Je suis convaincue qu’elle fait le pire des choix, mais je la comprends. «  On fait avec ce qui reste » disait-elle. Rapport de force oblige. Pensée du rapport de force qui emprisonne.

Quelques temps plus tard encore je suis attaquée par les filles de Prochoix, comme je l’ai écrit dans des articles précédents. Je lui demande son aide. Elle me répond, murmurant encore : « Ces filles sont capables de tout, ce sont des tueuses. Mais je dois te le dire franchement : je ne peux pas t’aider, le Collectif ne le comprendrait pas … ». Un jour Maya m’avait dit « Je suis une gentille moi ! ». C’était drôle étant donné ses engueulades fameuses, mais c’était vrai : gentille, franche, faisant passer la cause défendue avant beaucoup de choses, et parfois à regret …

Notre seul désaccord fondamental portait sur les corneilles : elle trouvait ces oiseaux beaux, elle admirait le spectacle d’une corneille dans le parc devant la chambre de sa maison de repos … je les trouve horribles, j’aime les moineaux.


Maya avait peur de vieillir, « je suis très fatiguée » m’avait-elle juste dit il y a deux mois, lors d’un colloque sur la GPA. J’aurais préféré qu’elle vieillisse quand même un peu plus …

elisseievna


https://www.ensemble-fdg.org/content/ciao-maya

Ciao Maya



La dernière fois que j’ai vue Maya, ce fut lors de l’enterrement de Muriel Naessens, membre du Planning familial du 93, féministe chaleureuse et animatrice du théâtre de l’opprimé. Il y avait beaucoup de monde. Maya était très affaiblie et l’on sentait qu’elle avait fait un immense effort pour venir jusqu’au Père-Lachaise partager ce moment d’émotion. Cette cérémonie fut aussi l’occasion de découvrir les multiples facettes de la vie de Murielle. Comme on découvre ou redécouvre aujourd’hui les mille et une vies de Maya à travers les nombreux hommages qui lui sont rendus ou dans l’entretien qu’elle a accordé à Margaret Maruani et Rachel Silvera en 20131. Née en 1937 à Riga en Lettonie, Maya était la fille d’un couple d’intellectuels, juifs et communistes (du moins son père) venus se refugier dans le Paris du Front populaire. La vie de la jeune Maya fut très mouvementée, marquée par la guerre et la crainte des nazis, puis les voyages : celui, très jeune, en Afrique du Sud, pays de l’Apartheid, pour rencontrer son grand père maternel ; celui à Genève pour échapper aux contrôles de la police française après avoir aidé, avec sa famille, la résistance algérienne ; aux USA où elle s’est engagée avec le mouvement étudiant dans la lutte pour les droits civiques des « noirs ». Ce fut ensuite un long séjour de huit ans dans la Cuba révolutionnaire dont elle fut expulsée en 1971 pour ses critiques contre l’évolution du Régime. Elle rentre alors à Paris, le Paris de l’après mai 1968 et de l’émergence spectaculaire du nouveau mouvement féministe.
A partir de cette date, elle n’a pas cessé de mener de front un combat politique au sein ou à côté de la gauche radicale2et un combat féministe qui devint le centre de son engagement. Elle cofonda le MLAC3 en 1973, mouvement unitaire qui osa braver la loi en pratiquant des avortements illégaux et joua un rôle décisif dans la création d’un rapport de force en faveur de la liberté de l’avortement et de la contraception. Face à la mobilisation sans précédent de dizaines de milliers de manifestant.es dans toute la France, le nouveau gouvernement de Giscard d’Estaing fut contraint de reconnaître aux femmes le droit à « l’interruption volontaire de grossesse » à la fin de 1974, mais avec des restrictions et sans remboursement. Après le vote de cette loi, une partie des féministes prit du recul. Maya, quant à elle, continua à mobiliser les énergies s pour faire appliquer cette loi, pour obtenir le remboursement de cet acte en 1982, la levée des restrictions et favoriser la diffusion de la contraception, en 2001. Entretemps, Elle cofonda de manière unitaire la CADAC en 1990 pour faire échec aux commandos anti-avortement à la solde de l’extrême droite et des catholiques intégristes qui sévissaient régulièrement sur certains marchés, dans les hôpitaux ou les cliniques pour intimider les femmes qui souhaitaient avorter ainsi que les personnels médicaux ou paramédicaux. C’est grâce à la CADAC que fut obtenue la création en 1993 du délit d’entrave à la loi sur l’IVG. Mais le droit à l’avortement ne fut pas le seul axe de luttes pour Maya. Elle créa avec Suzy Rojtman, Simone IFF et Nathalie Bourdon, le Collectif féministe contre le viol en 1985, en plein creux de la vague féministe.
Le mouvement féministe en France ne se résume pas à l’action de certaines personnalités, loin de là. Mais Maya en fut effectivement un des piliers grâce à sa détermination, sa fibre internationaliste et sa boussole « luttes de classes ». Pour elle, comme pour nous, la lutte contre l’oppression des femmes était inséparable de la lutte contre l’exploitation capitaliste. C’est pourquoi elle fut partie prenante de toutes les initiatives contre le développement du temps partiel et de la précarité imposées aux salariées aux côtés d’autres féministes investies dans le travail syndical ou en lien avec des chercheuses du GEDISST4. Elle apporta son soutien, avec d’autres, à la lutte de femmes salariées comme celle des infirmières et de leur coordination entre 1989 et 1991. Un peu plus tard elle rejoignit le comité de soutien aux femmes de l’ex-Yougoslavie, victimes de violences spécifiques et du viol comme arme de guerre.
L’activisme de Maya pouvait fatiguer certaines mais bien souvent elle avait un sens de l’initiative remarquable. Après l’élection de J. Chirac aux présidentielles de 1995 qui avait offert certains ministères aux membres de l’Opus Dei et les menaces qui pesaient sur les droits des femmes, Maya fut de celles qui réussirent à convaincre la majorité des associations féministes mais aussi des associations antifascistes comme Ras-Le-Front, différentes composantes du mouvement syndical dont la CGT, l’extrême gauche et le PCF, à faire une grande manifestation, pour les droits femmes, pour le droit à l’emploi et contre l’ordre moral en particulier. Ce fut le 24 novembre 1995. Un immense succès malgré (ou à cause) de la grève des cheminots qui commença la veille. 40 000 personnes se retrouvèrent à Paris pour dénoncer la politique gouvernementale et la montée de l’extrême droite ; anciennes et nouvelles féministes, femmes et hommes se retrouvèrent au coude à coude, CGT et PCF manifestant pour la première fois aux côtés des associations féministes5. Le lendemain commençait le grand mouvement social de 1995. Dans la foulée se créa le Collectif national pour les droits des femmes qui organisa en 1997 les Assises pour les droits des femmes auxquelles participèrent 2000 personnes (dont une majorité de femmes), venues de tous les horizons.
C’est au cours de toutes ces décennies que Maya sut nouer de nombreux liens avec les animatrices et animateurs de multiples luttes, coordinations et collectifs divers mais aussi avec certains élu.es de la gauche, des Verts, des syndicalistes des deux sexes ou responsables de la Gauche radicale et plusieurs chercheuses. Tous ces contacts se retrouvaient dans un carnet d’adresses boursoufflé qu’elle trimballait et oubliait partout. Il ne s’agissait pas tant de satisfaire son égo personnel que de travailler au corps les différents secteurs de la société en mouvement et de les alerter sur l’urgence de se mobiliser en faveur des droits des femmes et du combat féministe. Elle nous sollicitait toutes et tous pour tenter de mieux comprendre également les bouleversements survenus dans les rapports de force politiques et sociaux en France et sur le plan international « après la chute du mur de Berlin » en 1989. Comme nous, elle chercha à lutter contre les guerres relancées par Bush père et fils, en Irak, en Afghanistan etc. les politiques d’austérité et les crises financières imposées non seulement aux peuples du Sud mais dans tous les pays occidentaux etc. Comme nous elle fut catastrophée par la remontée de l’extrême droite, du racisme à l’égard des personnes immigrées et de leurs enfants né.es en France, des intégrismes religieux tant aux USA, qu’en Israël, en Algérie etc. Comme nous elle se solidarisa avec les féministes algériennes molestées et menacées d’assassinat dans leur pays, et dont certaines ont trouvé asile en France. C’est dans ce contexte que la question du voile à l’école a émergé en France en 1989 et a rebondi en 2003-2004 (et régulièrement depuis) quand Jacques Chirac a décidé d’interdire le port de signes religieux « ostentatoires » dans l’école publique, avec l’accord des socialistes. Loi qui fut ressentie très largement par les jeunes des quartiers populaires comme une loi discriminatoire visant la religion musulmane. J. Chirac avait réussi son coup : l’ensemble du mouvement social (associations féministes, syndicats, forces de gauches ou d’extrême gauche etc.) s’étripa pour ou contre la loi. Le CNDF risquait d’éclater dans ce climat hystérique. C’est pourquoi il ne se prononça pas sur la loi elle-même. Il organisa lors d’une rencontre nationale un débat approfondi sur la laïcité, les normes religieuses et le corps des femmes, le racisme et les discriminations pour aboutir à une position consensuelle. A la suite de cette réunion, une tribune fut publiée dans Libération le 27 janvier 2004 intitulée contre le racisme et pour les droits des femmes, signée par trois militantes Suzy Rojtman, Maya Surduts, Josette Trat.
La violence des invectives échangées sur cette question, entre féministes, n’a pas réussi à démoraliser Maya qui a continué à mettre toute son énergie contre la fermeture des maternités de proximité et le droit à la santé pour toutes et tous ou à organiser la solidarité avec la lutte des femmes dans les pays du Moyen orient qui se sont soulevés contre les dictatures comme en Tunisie ou en Egypte, en 2011. Nul doute que Maya aurait aimé être des nôtres dans les manifestations contre la loi El Khomri, ou sur la Place de La République. Nul doute qu’elle n’aurait pu s’empêcher de faire la leçon aux plus jeunes du haut de ses 79 ans, sans craindre de les agacer … Car Maya, cette grande gueule, n’avait peur de rien et est restée une militante passionnée par les débats et les mouvements sociaux, jusqu’à son dernier souffle.
Josette Trat
1 Travail, Genre et Société, n°29, en libre accès actuellement en hommage à Maya.
2 D’abord à Révolution, puis bien plus tard à la Ligue communiste révolutionnaire et enfin, à Ensemble.
3 Association dirigée par l’avocate féministe Monique Antoine dans laquelle se retrouvaient le Planning familial, des syndicalistes de la CFDT, différentes composantes de l’extrême gauche, des médecins des deux sexes etc. mais d’où étaient absents la CGT et le PCF.
4 Groupe d’études sur la division sexuelle et sociale du travail, Groupe de recherche du CNRS longtemps dirigé par Danièle Kergoat.
5 Comme nous le disait souvent Maya, c’était « Après la chute du mur de Berlin…». Pour une analyse plus détaillée du courant « féministe-luttes de classe » cf. Josette Trat (coordinatrice), Les Cahiers du féminisme, dans le tourbillon du féminisme et de la lutte des classes, éditions Syllepse 2011.













Qui je suis et pourquoi j’écris

Qui je suis et pourquoi j’écris

Je suis militante des droits humains, parce que notre génération d’enfants dont les parents ont été pourchassés pendant la guerre, s’est demandé : que faire pour qu’il n’y ait «  plus jamais ça », et ma réponse est : il faut défendre le centre des droits de la personne humaine – ne pas être tué, torturé, emprisonné pour ses opinions- , les défendre pour toute personne humaine, et il faut appliquer la loi juive sur laquelle ces droits reposent moralement : « tu ne haïras pas ».

Le féminisme est la lutte contre les atteintes à ces droits fondamentaux envers les femmes. Sa cause est fondamentalement juste, son existence est vitale, indispensable, pour que l’égoïsme sexiste ne dicte pas sa loi. Le mouvement féministe a certainement commis des erreurs dans ses analyses et défendu des revendications qui se retournent en partie contre les femmes, mais par sa mobilisation il a permis que bien des violences soient aujourd’hui reconnues comme telles et prévenues. Seuls ceux qui ne font rien ne se trompent jamais : il faut simplement continuer et approfondir la réflexion et la mobilisation. Les femmes qui croient qu’un retour au bon vieux temps, et qu’un éloge de leur « féminité » et de leur « complémentarité » les protégera et protègera leurs enfants des violences se trompent lourdement.

Je suis anti-islam primaire comme j’ai été anti-communiste primaire, parce que je suis convaincue qu’il est possible que les pays soumis à la loi islamique se libèrent de la violence aussi pacifiquement que la Russie s’est libérée du communisme, parce que les Russes ont cessé de croire qu’il fallait le Goulag, parce que les dissidents ont gagné les esprits. J’ai fait partie de ces russes exilés qui ont contribué à la chute du régime soviétique, à éviter l’apocalypse nucléaire, à ma très modeste mesure, en écrivant aux dirigeants qu’il fallait respecter les droits humains fondamentaux, en leur faisant comprendre qu’il fallait cesser de les qualifier comme Marx de « droits bourgeois ».

J’écris parce que des féministes comme des croyantes originaires de familles musulmanes me demandent d’être solidaire de leur combat idéologique anti-islam, parce qu’elles me disent que c’est vital, parce que je reçois des lettres qui me supplient de continuer à écrire.

J’accuse tous celles et ceux qui traitent les anti-islam de racistes ou de névrosés, d’avoir du sang sur les mains, d’avoir du sang d’enfants juifs sur les mains : car depuis que moi et d’autres alertons sur le danger des textes de l’islam, depuis que moi avec Juliette Minces alertons sur le danger de l’endoctrinement des enfants musulmans, il aurait été possible de prévenir l’endoctrinement de jeunes comme Mohamed Merah qui a tué les enfants Sandler, et d’autres jihadistes.

Quant aux copines féministes qui me reprochent d’écrire dans des journaux de droite sur l’islam sans même avoir pris la peine de me lire : je leur rappelle qu’en excluant systématiquement des auteurs comme moi ou en leur déniant toute crédibilité, elles ont pris la responsabilité de laisser la voie ouverte à cet endoctrinement : qu’elles se regardent dans la glace et se demandent si elles ne voient pas le visage des petits Sandler. Qui plus est, elles devraient se réjouir que mes articles parviennent ainsi à faire comprendre le féminisme à des publics qui ne sont pas déjà des convaincus : c’est tout de même plus utile …

J’accuse ceux et celles qui ici traitent les anti-islam de racistes ou de névrosés, comme l’ont fait comprendre des femmes se réclamant du féminisme (Ségolène Royal ou Caroline Fourest) ou de l’antiracisme (Michel Tubiana), d’être responsables à la fois de l’absence de mesures efficaces contre l’expansion de la loi islamique et de la dégradation injuste de l’image des personnes désignées ou se désignant comme musulmanes.

Je dois aussi aujourd’hui démentir des calomnies infectes qui sont répandues par elle, Fiammetta et Nathalie Szuchendler, des écrits de nature à faire croire ceci : que je serais une non juive identitariste française et catholique ultra, « qui se fait passer pour juive pour taper sur les musulmans » dans le but machiavélique de renforcer la haine contre juifs et musulman. Ce mensonge est tellement énorme il en est presque drôle.  Qu’elles se regardent elles-mêmes dans la glace : Caroline Fourest n’est ni raciste ni antisémite, mais elle n’a cependant pas volé son « Y a bon Award » car en niant à répétition que le sens barbare des textes de l’islam – sens selon la logique et selon les commentateurs musulmans classiques – elle fait peser sur les musulmans une présomption de propension particulière à l’interprétation violente de textes, présomption éminemment dangereuse et injuste pour eux.

Sur les textes de l'islam, lire :

Bibliographie et bases théoriques sur l’islam :
Commentaires critiques de l'islam

L'enfer est pavé de bonnes intentions et de lâcheté


L'enfer est pavé de bonnes intentions et de lâcheté.
Il est très bon de refuser la stigmatisation des personnes dont le pays a jadis été conquis par Mahomet et ses comparses. Mais, au nom de cet objectif, pour atteindre cet objectif, on n'a pas le droit et il n'y a objectivement aucune raison, d'en oublier le refus de la violence préconisée par la loi islamique contre les non musulmans.
Il faut refuser l'imposition de la loi islamique, qui est BARBARE, qui est une version antique du NAZISME, qui incite aux massacres, génocides, au vol, au viol et autres tortures, qui une infamie morale, et il le faut, pour le bien de toutes et tous, puisque les personnes musulmanes les plus faibles aussi sont victimes de sa barbarie.
Mon combat n'est pas d'ordre identitaire, je ne parle pas d'invasion, car je trouve extraordinaire d'oser dire à des personnes qui se venus de pays sous loi musulmanes parce que nous avons voulu qu'ils viennent pour les exploiter : "mais enfin que faites vous donc là ?!", mais j'estime qu'un peuple a non seulement le droit mais le devoir, d'interdire l'arrivée de nouveaux venus lorsque cette arrivée peut engendrer des actes de violence de la part ne serait-ce que d'une minorité significative de ces nouveaux venus. Je pense que nous avons failli à ce devoir-là, par cupidité.
Lâcheté : Villiers raconte comment des députés européens refusaient de parler à Magdi Allam, égyptien musulman converti au christianisme, soit apostat aux yeux de la loi islamique, parce que ces députés avaient peur, peur d'être eux-mêmes menacés de mort pour avoir été vus à ses côtés.
Lâcheté aussi de s'en prendre à Pierre Cassen : le tort de Pierre est de vouloir mobiliser contre cette loi islamique, de faire feu de tous arguments : de tous arguments mais de simples arguments, alors que ses accusateurs sont en train d'organiser la prise de pouvoir par les partisans de la loi islamique ici. On en est à de faire des compartiments spéciaux pour les femmes, on en est à craindre que la police entre dans certains micro-quartiers, on est à devoir taire les viols commis par les arrivants etc etc. Pierre fait honte à ses accusateurs : voilà principalement ce qu'ils ne lui pardonnent pas, car à l'évidence ce n'est pas des émeutes anti-musulmans qu'ils peuvent redouter sérieusement.
Je suis aussi dans une certaine mesure, objet de tels actes de lâcheté. Merci à ceux et celles qui néanmoins m'accompagne. Et tant pis pour les autres.

Rappel : ma mise au point concernant Riposte laique :

Voici pourquoi j’écris dans Riposte laïque et pourquoi je soutiens ses fondateurs : Riposte Laïque a été fondé par des féministes, un syndicaliste et un musulman.
Ce qui lui est reproché est de dire que l’islam et pas seulement l’islamisme est une théorie barbare tout en se réclamant de la gauche, de l’anti-racisme, de l’anti-fascisme, et en plus en défendant les juifs et Israël !
Ce qui lui est reproché est de donner la parole à nombre de personnes originaires de pays musulmans divers : Maghreb, Iran, vivant ici ou là bas.
En réalité, c’est pour cela que les gouvernements qui collaborent avec le Qatar, l’Arabie saoudite et les USA veulent sa peau.
En réalité, personne à gauche n’a eu le cran de publier des articles critiques et sérieux sur l’islam lui-même.
Presque personne… Charlie Hebdo a publié des caricatures par solidarité et ce fut courageux, mais pas sérieux… sauf biographie de Mahomet en bande dessinée par Charb et Zineb El Rhazoui en janvier 2013.
De cette biographie, Charb disait : « C’est une compilation de ce qui a été écrit sur la vie de Mahomet par des chroniqueurs musulmans et on l’a simplement mise en images ». « Je ne pense pas que le plus savant des musulmans pourra reprocher quoi que ce soit sur le fond ».
Je confirme : les plus sérieux islamologues jugent le contenu de cette BD conforme aux récits des biographes classiques musulmans.
C’est peut-être cette biographie, publiée un an avant son assassinat, qui a fait de lui une cible prioritaire.
Il ne fallait pas qu’une biographie sérieuse et accessible au grand public puisse être divulguée dans le grand public français.
Les « intellectuels », qui s’abritent dans l’attitude lâche de l’exonération de la théorie de l’islam de toute accusation de barbarie, contrairement au sens clair des textes sacrés et des commentaires classiques des savants de l’islam, ne peuvent supporter que leur mensonge soit révélé par autant de personnes de différentes origines, dont un noyau de personnes de gauche, athées, républicains, anti-fascistes, féministes, et d’origine immigrée.
Les politiciens et hommes d’affaires qui profitent financièrement de ce qui favorise l’extension de l’application de fait de la loi islamique, ne peuvent supporter qu’une revue mette en péril leurs intérêts financiers.
Pour ma part, je n’ai jamais fait partie du comité de rédaction de Riposte Laïque, et j’ai publié, sur ce site, des articles contestant d’autres articles de Riposte Laïque, que je n’aurais pas laissé publier si j’avais été dans la rédaction.
Je rappelle aussi que manifester aux côtés de partis sur un sujet, à savoir l’islam, ou penser qu’un parti comme le FN est le seul qui concrètement pourrait s’opposer, à l’heure actuelle, aux menées des militants de la charia, ce n’est pas partager toutes leurs idées, mais je comprends que des féministes fondatrices, comme Annie Sugier, n’aient pas supporté ces alliances et soient parties de Riposte Laïque. Pour ma part, je n’ai pas eu à partir de la rédaction puisque je n’y ai jamais été.
Je ne sais pas si je publierai encore dans Riposte Laïque, car je me décide au fur et à mesure des circonstances : cette revue évolue, les évènements évoluent, je verrai.
Mais je voulais ici dire en quoi cette revue est exceptionnelle et importante : par la composition de sa rédaction et l’origine de ses auteurs, par sa thèse de la barbarie de l’islam lui-même (en tant que doctrine), c’est-à-dire la thèse que la violence n’est pas due qu’à une lecture fausse des textes, mais à une lecture conforme à la logique et aux commentaires classiques des savants de l’islam (oulémas), par son soutien indéfectible aux Juifs et à Israël tout en conservant la priorité de la laïcité.
Quelles sont en vérité les vraies raisons de l’acharnement contre cette revue ? Il ne faut pas que le peuple sache ce que contient cette doctrine, et il ne faut pas que des mouvements réellement anti-fascistes combattant à la fois la barbarie de la charia, le racisme et l’antisémitisme, puissent s’opposer aux intérêts financiers de tous ceux qui profitent de la progression de la charia dans le monde.
Toute mon admiration pour le courage des fondateurs de cette revue, Pierre Cassen et Christine Tasin.

Elisseievna


Nous n’avons ni droit à l’amour ni au sexe ni à l’enfant

Nous n’avons ni droit à l’amour ni au sexe ni à l’enfant


Certains propos semblent sortir d’une momie, des temps les plus antédiluviens, et encore ... Mais non. Ils sont tout récents. 
Un psychiatre et député ( Nicolas Dhuicq, Les Républicains) nous explique que tout le monde peut aller en prison : « un crime passionnel » peut arriver au plus honnête citoyen…
Un avocat ( Nicolas Gardères, EELV) nous dit que la loi venant d’être votée contre la prostitution serait anti-constitutionnelle. Un antiraciste émérite ( Pierre-André Taguieff) accuse les féministes abolitionnistes d’androphobie et d’une volonté de punir les hommes.
Une avocate (Brigitte Bogucki) explique à une députée socialiste (Anne-Yvonne Le Dain) que le droit actuel reconnait un droit à l’enfant par la PMA et la GPA.
L’homme qui assassine sa femme estime avoir droit à l’amour – et à la vengeance. L’acheteur de prostitution estime avoir droit au sexe. L’acheteur de gamète ou de grossesse estime avoir droit à l’enfant. Avoir le droit de faire prendre à une femme le risque parfois mortel d’une grossesse puisqu’il la paye, avoir le droit d’arracher le nouveau-né à sa mère sans se préoccuper du bouleversement du bébé.
Or, nous n’avons ni droit à l’amour ni droit au sexe ni droit à l’enfant.
Si affirmer cette inexistence est moraliste, je suis moraliste.  Voilà bien un droit qui est refusé : celui de seulement prononcer le mot de morale. Mais comme je ne vois pas pour quelle raison le refuser, je le prends. Par contre les raisons de refuser une réquisition d’amour, de sexe ou d’enfant, je les vois bien.
Peut-on vivre sans amour ni sexe ni enfant ? Sans doute. Sans doute bien mal. Mais même à supposer que ces aspirations soient aussi matériellement vitales que l’alimentation ou la chaleur : a-t-on le droit de vivre au prix de la vie d’autrui, le droit de jouir au prix de la santé ou de la souffrance d’autrui ? Non. Parfois la vie n’est pas possible. Non : effectivement, parfois elle n’est pas possible. Parfois, on a de la chance : seule la vie sans souffrance terrible, n’est pas possible, mais la vie demeure, du moins tant que la souffrance ne l’épuise pas.
A l’extrême la logique de ma hiérarchie des droits aboutit à dire qu’une femme n’a pas le droit de prendre la vie d’un être pour préserver sa propre santé ou même sa propre vie … mais le raisonnement vaut aussi pour son enfant. Qui est prioritaire : le plus fragile ou le plus souffrant ?
Tous les raisonnements opposés sont des légitimations du cannibalisme. Moussaillon tu as tiré la plus courte paille et tu seras mangé. L’habillage du droit du plus fort de détruire et tourmenter plus faible que soi. Au fond, qu’il s’agisse de détruire et tourmenter pour conserver sa propre vie ou pour soulager sa propre souffrance ou par pure jouissance : l’acte n’est-il pas identique ?  Un être détruit ou tourmente un être plus fragile.
Et par là se détruit, dans sa propre humanité. Définition de l’enfer sur terre.
elisseievna






Débat GPA : Anne-Yvonne Le Dain, Brigitte Bogucki, Caroline Roux et Alexandre Urwicz (01/04/16, LCI)