3 femmes et l'avortement


Une femme aime son mari, et il ne veut pas d'un enfant, elle avorte contre son gré malgré les risques d'avant la loi de 1974 et d'avant la méthode Karman, aujourd'hui, elle regrette de n'avoir pas résisté et se sent criminelle, me dit-elle, en souffrant visiblement toujours.

Une femme et son mari s'aiment, ont des enfants mais ne veulent pas d'un nouvel enfant, elle avorte, blocage des reins, septicémie, mort horrible.

Une femme ne se sent pas mure pour avoir un enfant, elle avorte avec l'aide médicale, elle se porte bien, plus tard elle a des enfants et se sent heureuse de les élever.

Peut-être que l'absence d'interdit favorise des choix que l'on regrette, mais ces choix sont fait même avec l'interdit, et même sans situation à priori désespérée .. mais qui le devient sans assistance médicale.

Pour garantir leur droit à l'aide médicale, certaines exigent que des médecins soient contraints de pratiquer des avortements contre leur conscience : sans aide médicale les femmes peuvent recourir à des méthodes dangereuses, mais au nom de quoi contraindre un médecin à tuer une vie humaine, sans nécessité immédiate et absolue pour en sauver une autre ?

Ne doit on pas faire au contraire confiance aux médecins "de famille" ou gynécos pour pratiquer ou pas ces avortements,   pour apprécier quelle meilleure aide ils peuvent apporter à leur patiente ? Mais dans les conditions actuelles, de disparition des gynécos de ville, des pressions de l'entourage des femmes sur les médecins ne risquent elles pas aussi de se produire ?

Aujourd'hui encore, pour de nombreuses raisons, des femmes se retrouvent prises dans des situations où elles préférer mourir que de mettre un enfant au monde, et elles risquent de mourir si l'avortement médicalisé ou l'accouchement sous X ne sont pas permis ...

Mais quid de l'effet du financement de l'avortement : l'avortement n'est il pas pour certain un marché de la mort ? Un médecin peut-il accepter d'être rémunéré pour cet acte sans risquer de l'accomplir sans s'être demandé si pour la femme qui le lui demandait cette solution était vraiment la moins pire ? Mais si les médecins ne sont pas rémunérés pour cet acte, si les médicaments et équipements ne sont pas accessibles,  les femmes ne se retrouveront elles pas à nouveau pour nombre d'entre elles, prises dans une situation où elles préfèrent risquer la mort  ?

Il n'existe probablement pas de législation satisfaisante, à la fois dans ses principes, conforme aux idéaux moraux sur lesquels il n'y a pas d'accord, et en pratique, ne comportant pas de risque de mise en danger des femmes en plus des enfants, ou de risque de pression sur les femmes pour avorter ou à l'inverse pour ne pas le faire ce qui en pousse en pratique certaines à le faire en se mettant en danger ...

Il est de plus en plus manifeste, évident, quand on entend des économistes dire cyniquement qu'il faut de l'immigration pour financer nos retraites, autrement dit, qu'il faut tabler sur le mal vivre de populations entières  dans leurs pays d'origine (au point qu'ils préfèrent se déraciner ou même risquer  la mort ...), que les femmes d'Europe sont victimes d'une politique purement marchande, qui a consisté à préférer l'importation d'immigrés, travailleurs ou consommateurs, permettant des profits immédiats aux entreprises et aux banques (au détriment des finances publiques), à une politique de longue terme, humaniste, d'aide aux parents pour accueillir leurs enfants.

200 000 entrées par an d'immigrés, 200 000 avortements par an. Non Madame, voyons ... vous n'avez pas les moyens, soyez raisonnable, pour votre bébé salaud de colon blanc prédateur : pas de droit au regroupement familial, pas de visa,  flingué à la frontière.

Pas assez de crèches et autres structures d'accueil, le poids financier des grossesses et enfants malades qui pèsent principalement sur les employeurs, des écoles de plus en plus infréquentables, pas d'organisation efficace pour les parents "moyens" ... et pour les femmes qui avortent, encore des cas de brutalités, des manques de moyens médicaux ( rendez vous tardifs, refus d'antalgiques ..)
Pas d'éducation à la responsabilité envers l'autre, une propagande pour la consommation et la réalisation de soi y compris au prix de la rupture, l'illusion répandue d'une contraception  fiable à 100%, sauf "faute des femmes" : tout le poids de cette pression pèse sur les femmes, et c'est pour cela qu'elles avortent, et c'est pour cela qu'elles risquent toujours de continuer à le faire  quels que soient les risques.

Si l'on veut que les femmes aient "le droit de ne pas avorter", que l'avortement ou l'accouchement sous X se réduisent à des cas vraiment particuliers de femmes qui ne peuvent supporter le rapport avec l'enfant ou d'enfants dont la vie sera manifestement, inévitablement, très douloureuse, alors il faut surtout changer ces politiques là, et pour celles qui choisissent d'avorter, faire cesser toutes les maltraitances qui existent encore.

Le lys dans la vallée ...

reportages sur l'avortement :
http://elisseievna.blogspot.fr/2012/10/maya-surduts-sur-france-5.html


Transcription de l'interview de Joelle Brunerie-Kauffmann

Je pense que même les femmes elles-mêmes ne sont pas convaincues de cette liberté  qui leur est donnée, c’est quelque chose de très lourd à porter pour elles, malgré tout, cette liberté. Pouvoir décider je pense que c’est quelque chose de plus compliqué pour elles que ce que l’on avait pensé au départ. Quand on a obtenu la loi, on a eu l’impression que tout allait tomber, toutes les culpabilités, et c’est pas vrai, aujourd’hui les femmes elles-mêmes, sont encore très culpabilisées de ce qui leur arrive et de ce qu’elles vont nous demander, elles s’excusent toujours ,  c’est vrai que les choses n’évoluent pas, il y a certainement quelque chose de très psychanalytique, quelque chose de très profond je pense qui est de la vie des femmes et de la vie des gens qui reste encore très tabou.
Il faut absolument re-raconter ça.  J’ai un peu l’impression d’être l’ancienne combattante, quand je suis à l’hopital et que j’explique aux étudiants et que je raconte ce que c’était, il faut sans arrêt raconter ce que c’était. Quand ils regardent dans le bassin et ils disent « ho lala c’est dégoutant un œuf , un œuf de six semaines, mais je leur dis : moi j’ai travaillé à l’hopital Beaujon en 1967, elles se mettaient des sondes entre les femmes, elles avortaient de fœtus qui criaient dans les bassins, attends ! elles mourraient d’hémorragie dans les toilettes, si on les avaient laissées faire. Il faut dire tout ce qui touche au corps, je veux dire si on ne peut plus parler là, ni de la sueur, ni de choses qui sont sales, non ! Il faut parler de cela, il faut parler de ce que l’on a vu, i lfaut parler des caillots, il faut parler de la souffrance, il faut parler de la fièvre, il faut parler des hurlements, d’être médecin de garde, quand dans les années 60, on était appelés la nuit, on voyait des fœtus par terre ! je veux dire moi j’ai vu ça, je veux dire faut raconter ça, alors moi je raconte ça aux étudiants. Je leur dis attendez, c’est dégoutant un avortement là tout propre avec une petite canule septioque et un petit aspirateur tout propre là ? je dis, c’est pas du tout dégoutant ça, il faut se souvenir de ce que c’était, bien sur que c’est important. Alors on a l’air un peu d’anciens combattants, au bout d’un moment. Mais il faut le raconter, c’est que les femmes elles avortaient quoi qu’il arrive, on leur disait « vous risquer de mourrir » et ben tant pis, elles risquaient de mourir, elles ne voulaient pas de cet enfant là, et ça c’est une chose qu’il faut toujours, toujours rappeler, c’est les femmes qui ne veulent pas d’un enfant, elles l’ont pas.



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