Ice Bucket Challenge : le « baptême » ridicule des « grands » de notre temps

http://www.bvoltaire.fr/eliseelisseievna/ice-bucket-challenge-bapteme-grotesque-grands-notre-temps,100733


Interlude entre l’éruption du volcan islandais Bárðarbunga, l’excision de toutes les femmes adultes d’Irak, et autres menus faits d’hiver – pardon, d’été – j’apprends une nouvelle réfrigérante.
Bill Gates, Marc Zuckerberg, George Bush se filment en train de se mettre mutuellement au défi de se verser un seau d’eau glacée sur la tête et… de le faire. Par exemple :
S’agit-il d’une épidémie de baptêmes orthodoxes ? Non : la mode viendrait de Boston. Boston, capitale de l’humour déjanté probablement : imitons tous les héros de la série Boston Legal. Les vidéos de ces puissants personnages frappés par le choc thermique de l’eau glacée sont assez rigolotes.
D’où vient l’idée ? D’un défi de cour de récréation.
Elle serait devenue une noble cause charitable. Une personne en défie une autre à la fois de se verser un seau d’eau glacée sur la tête et de faire un don pour la recherche sur la maladie de Charcot. Une maladie provoquant la mort en moins de quatre ans, par paralysie progressive des muscles, dont les muscles respiratoire. Dans 10 % des cas elle est génétique, dans les autres cas la cause est inconnue. Des recherches ont cependant montré une corrélation entre la maladie et l’exposition des agriculteurs aux pesticides. Moins de 30.000 personnes en sont atteintes aux États-Unis, il s’agit donc d’une maladie « orpheline », sans intérêt financier pour la recherche privée, d’où le recours à la charité publique.
Nous avons donc, si l’on rassemble ces éléments, le tableau suivant :
- Une maladie due, en partie au moins, à une agriculture gangrenée par la chimie, dépendante du pétrole (« nous mangeons du pétrole », pour résumer la situation de l’« agriculture industrielle ») et des pesticides, eux-mêmes issus des « gaz moutarde » de la guerre de 14.
- Une recherche médicale soumise principalement à la loi du profit, ce qui pousse les malades souffrant de « maladies orphelines » à devoir quémander auprès du public en exhibant leurs souffrances.
- Des parodies de « baptême » servant aux « grands de ce monde » à prouver leur vertu par quelque singerie de « mortification »…
En voilà, un monde qui a de l’allure, n’est-il pas ?
Pas le genre de monde où les grands rêveraient de s’élever, d’édifier des chefs-d’œuvres dignes des cathédrales du Moyen-Âge : une économie écologique, par exemple.
Où la paysannerie redeviendrait une élite « des sciences de la vie et de la terre », coopérant avec des agronomes intégrés dans un véritable service public de la recherche.
Où, plus largement, un véritable service public de la recherche existerait, suffisamment financé et indépendant du « profit » et du privé, pour la recherche médicale notamment.
(...)
NDLR de Bd Voltaire  : Patrick Stewart a mis fin à cette escalade de vulgarité d’une manière très classe.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire