J'avais affiché une vidéo d'un foetus d'environ 15 ou 16 semaines ou peut-être plus, et voici la discussion que nous avons eue, Catherine Berranger et moi, à propos de cette vidéo. Catherine Berranger a participé pendant 20 ans au Planning Familial.
Si vous souhaitez suivre la discussion, tous les commentaires sont les bienvenus ici ou sur facebook : voir le 5 aout 2014.
Voici d'abord le message dans lequel se trouve la vidéo, puis une vidéo de Maya Surduts et Joelle Brunerie-Kauffmann :
http://www.babycenter.fr/a700037/d%C3%A9veloppement-du-f%C5%93tus---15-semaines-de-grossesse
Message sur le mur by
Hilton Hilton.
Cette video semble correspondre à la 15eme semaine de grossesse (hors délai d'IVG en France)
http://www.babycenter.fr/v6900104/au-fil-de-la-grossesse--semaines-10-%C3%A0-14
Rappel de ce qui se passait avant la loi sur l'IVG :
Extrait docu sur l'avortement de Régis Sauder... par rue89
NOTRE DISCUSSION A PROPOS DE LA VIDEO :
Pourquoi poster cette vidéo ?
Pour savoir ce que les gens en pensent ... elle pose plein
de questions !
Les questions que je me pose pour ma part, sachant que
des pays le pratiquent à ce stade : http://www.svss-uspda.ch/fr/facts/europe.htm c'est de savoir : ce que l'on
ressent en décidant un IVG et pour quelles raisons on est prête à le faire à
tel ou tel stade, si l'on peut vouloir le pratiquer a ce stade entre autres, si
il est important de savoir comment est vraiment l'embryon au stade ou on avorte
ou si il vaut mieux ne pas le savoir, est ce bien de savoir ou de ne pas savoir
et bien pour qui et pour quoi, est ce que ce qui est ressenti sur le moment est
la même chose que ce qui peut être remémoré ensuite, ou pas etc etc
Il faudrait préciser que l'agonie de ce foetus est le
fruit d'une fauche-couche naturelle et non-pas d'une IVG. Je pense que cette
vidéo est du "voyeurisme". Je pense que la personne qui tient ce
foeutus n'est même pas respectueuse de son agonie ( on dirait qu'elle
"astiquote" un insecte, veullez m'excuser l'expression ). C'est
choquant par le fait que personne ne devrait pouvoir filmer ceci sans en avoir
l'autorisation de la mère, du père, ce qui j'en suis certaine n'a pas éte fait.
Enfin, c'est éprouvant, triste, comme toute agonie. C'est ce que j'en pense.
Je ne sais pas de quoi résulte cette mort, mais elle donne
une idee de ce qu'est l'IVG à ce stade non ? je n'arrive pas à trouver la
source de cette video et ce qu'en pensent ou pas les "parents".
J'ai assisté à des IVG de la 5ème à la 24ème semaines :
plus on avance dans les délais, plus c'est éprouvant pour le personnel médical.
Quant aux femmes qui prennent ces décisions, il me faudrait des heures pour te
raconter leurs histoires, leurs tristesses, leurs déterminations, leurs regrets.
Faut-il savoir ou pas, je pense que c'est à chaque femme de décider. Il me
semble qu'il est important d'être tout à la fois précis en matière
d'informations et respectueux de la demande.
Oui, elle a
raison. Les moyens "artisanaux" provoquaient des fausses-couches. Ce
n'est pas le cas des moyens médicaux utilisés actuellement. Cela ne donne donc
pas une idée de ce qu'est une IVG. C'est juste choquant !
Elisseievna : Cela donne une idée pour les avortements pratiqués à ce
stade, dans d'autres pays d'europe, dont l'espagne et la suede, le foetus ne
sort peut etre pas entier - et encore ça depend - mais il est extrait par
morceaux à ce stade là.
"Il me
semble qu'il est important d'être tout à la fois précis en matière
d'informations et respectueux de la demande." :
Mais justement,
c'est là toute la question actuellement : est ce le cas ou non ? est ce que
l'information est donnée pour les femmes concernees ou pour des raisons plus
politiques et militantes ? les choix ne sont pas les memes dans un cas ou dans
l'autre.
Les femmes concernees sont bien trop dans l'urgence et le
drame pour se lancer calmement dans des recherches ou pas forcement assez
entourees pour se defendre contre des incursions, puisque c'est souvent a cause
de ces fragilites et isolement qu'elles avortent
Moi ce qui me donne la nausée, c'est d'avoir entendu les
propos d'hommes se fichant de la situation de leur maitresse et lui disant
froidement qu'elles n'ont qu'a avorter et militant pour l'avortement : tous ces
types se contrefichent de savoir ce que leur nenette pouvait bien ressentir
reellement, et je pense que c'est une masse de types qui font barrage pour que
les femmes n'aient pas acces à la vision de ce que ELLES vivent, à cause d'eux,
ces héros de l'avortement et de la liberte sexuelle .... pour eux il faut que
les femmes, encore une fois, ne soient pas conscientes de ce qu'elles sont
poussees a faire, se croient seules à l'eprouver, honteuses, et surtout se la
ferment.
Hélas, tout dépend sur qui elles "tombent". Il
y a des médecins et des associations anti-avortement qui recoivent ces femmes
en faisant tout leur possible pour les culpabiliser : j'en ai reçu des
centaines en larmes après leur passage devant ces bonnes âmes. En France, la
loi n'oblige plus à l'entretien obligatoire fait avec une assistante sociale,
une conseillére conjugale qui étaient habilitées à le faire. C'est à la fois un
progrès : l'obligation était une insulte à l'intelligence des femmmes, mais
cela pemettait aussi, en tous les cas là où je travaillais, d'informer,
d'écouter, de soutenir, d'orienter, de déculpabiliser, d'aider les femmmes à
prendre une décision quelqu'elles soient. Nous n'étions ni pour ni contre, nous
étions pour le droit de choisir et pour que cela se passe dans de bonnes
conditions tant psychologique, médicale et personnelle. C'est justement pour
éviter la détresse et la solitude qu'il faut informer en respectant la demande.
Mais
beaucoup de femmmes qui ont pris leur décision en
toute connaissance de cause ne se sente pas forcément mal, et ne culpabilise
pas non plus. Les clichés dans ce domaine ont la vie dure.
Le mieux serait sans doute l'obligation de PROPOSER un
rendez avant aux femmes –
C'est complexe tout cela, et il est difficile de
généraliser : chaque femme a son histoire et à la fois toutes ces femmes ont
beaucoup en commun. C'est à partir de cet état de fait que je travaillais.
C'est de plus de 20 ans de ma vie dont je te parle, donc résumer est difficile.
La question qui me parait importante est celle de
l'information bien en amont : est ce que les femmes et les hommes d'ailleurs
sont informes reellement avant de ce que c'est qu'un ivg et de l'embryon aux
différents stades, assez pour decider quel risque ils prennent ou pas leur
decision de prendre un tel risque :
oui , tu y travaillais ... au dernier moment, au moment
du choc et dans l'urgence : je pense qu'il faut penser à ce qui est su AVANT,
bien avant
J'ai l'impression qui passe comme informations surtout
c'est : 1) la grossesse est un risque tres minime avec la pilule, .. ce qui en
pratique est faux 2) l'avortement se pratique quand l'embryon est juste un oeuf
genre oeuf de poule ou bouillie de cellule : ce qui en pratique est aussi faux
surtout avec les delais pour obtenir un rendez vous, - du tout, je pense que le
choix REEL n'existe pas vraiment, les femmes ne me semblent pas preparees à ce
qu'elles risquent vraiment, et doivent gerer au dernier moment
Ce que je ne comprends pas vraiment, c'est d'abord si
elles échouent chez les opposants à l'IVG vraiment involontairement ou pas, et
aussi, c'est en quoi cette culpabilisation pouvait marcher sur des femmes non
croyantes : je me demande si ces propos culpabilisants ne font pas echo à un
vrai malaise, à un vrai rejet de cette décision, qui doit pouvoir aussi
s'exprimer : je crois que tout est fait pour taire la colère contre ce qui
accule dans une situation impossible ou toutes les décisions sont douloureuses
pour certaines femmes en tout cas ? "Hélas,
tout dépend sur qui elles "tombent". Il y a des médecins et des
associations anti-avortement qui recoivent ces femmes en faisant tout leur possible
pour les culpabiliser : j'en reçu des centaines en larmes après leur passage
devant ces bonnes âmes"
J'arrivais effectivement à un moment dans la vie ces
femmes et je ne les revoyais généralement pas. L'information est un travail de
fourmi cela passe par l'école, la famille, les centres de planification, les
médias, etc. Quant aux hommes, autant d'histoires que pour les femmes. Je pense
qu'ils ont évolués et qu'ils ne sont pas des avorteurs, des salauds et des
inconscients.... Ils y en a, et c'est surtout l'irresponsabilité qui les
caractérise. Mais ils sont victimes des préjugés comme les femmmes. J'ai mis
longtemps à me questionner sur ce que pouvait ressentir un homme face à sa
potentielle faculté de féconder une femme. Beaucoup ne se pose pas la question.
"Beaucoup
ne se pose pas la question." c'est
exactement ce que je pense, et les femmes non plus d'ailleurs, parce que j'ai
l'impression que la plupart croient (il faudrait enquêter là dessus), ce que
j'ai ecrit plus haut : 1) que la pilule protege a 100% quasi et que 2) l'ivg
est au stade quasi microscopique de l'embryon : des lors, il serait inutile de
se poser des questions avant en effet ...
"L'information
est un travail de fourmis " : la question est : quelle information ...
"Catherine
Berranger J'ai assisté à des IVG de la 5ème à la 24ème semaines : plus on
avance dans les délais, plus c'est éprouvant pour le personnel médical."
la question qui se pose aussi est de savoir si l'on doit au nom du " droit
à " l'avortement, obliger le personnel medical à le pratiquer :
pour ma part je suis contre l'obligation, je pense que
chacun doit agir selon sa conscience, par contre je suis pour que les moyens
soient fournis obligatoirement dans les hopitaux.
Cela commence dès l'enfance, la décourverte de son corps,
répondre aux questions de ses enfants même si en la matière nous ne sommes pas
forcément à l'aise pour le faire. A chaque âge les réponses évoluent. Quand on
ne répond pas aux questions des enfants, ils trouvent leurs propres sources
d'informations ou il s'inventent des réponses. Après, comment appréhender la
contraception si on ne comprend pas comment fonctionne notre corps, il y a une
logique. Mais il y a tellement à dire sur le sujet, que le temps nous manque.
Je pense qu'il faut déjà informer sur les lieux où l'on peut s'informer.
Tu ne comprends pas la question que je me pose : j'ai
regardé le contenu des informations données par l'éducation nationale, le
planning, les opposants à l'IVG etc, je me demande ce que l'on peut vraiment
comprendre à travers ces informations disponibles
Je pense qu'il ne faut pas obliger le personnel médical à
pratiquer l'interruption de grossesse. En France c'est ainsi et c'est très
bien. J'ai travaillé avec des médecins (dans un hôpital) qui étaient plutôt
contre et qui avaient une attitude détestable avec les femmes. J'ai usé de
beaucoup de patience pour essayer de les amener à reconsidérer leur pratique.
Evidemment Elise que la décision doit étre libre, si possible, de toute contrainte.
J'ai rencontré pas mal de femmes yougoslaves ( il y
a fort longtemps) qui ne comprenaient pas pourquoi c'était si compliqué en
France et qui me disaient qu'elles avaient déjà avorté X fois et qu'il n'y
avait aucun problème....Elles me faisaient rire par leur naturel, la
contraception pour elles c'était compliquée et l'avortement c'était simple.
Dans leur pays, l'accès à l'avortement était facile, celui à la contraception
beaucoup moins !
"J'ai
travaillé avec des médecins qui étaient plutôt contre et qui avaient une
attitude détestable avec les femmes"
que faisaient ils ?
" Evidemment
Elise que la décision doit étre libre, si possible, de toute contrainte"
c'est loin d'etre evident ! il y a des militantes qui sont pour obliger les
medecins, qui s'offusquent qu'ils aient le droit de refuser
Certes, le problème c'est que cet acte n'est ni valorisé,
ni valorisant. Il faudrait qu'au niveau des études de médecine il y ai une
volonté de prendre en compte cette réalité. Il y a de moins en moins de
médecins qui pratiquent en France, les anciens étaient de la géneration de ceux
qui ont milités avec les femmes pour ce droit.
Je me demande pourquoi : là aussi il faudrait enquêter
Il est bizarre que ce ne soit pas "valorisant"
mobilisant alors que c'est tout de même frequent et qu'il y a quand meme pas
mal de medecins femmes aussi - est ce parce que les structures sont masculines
et preferent voler ce pouvoir aux femmes, ou est ce l'acte en lui meme ?
Je n'avais pas lu ta question sur : qu'est-ce que l'on
peut comprendre... Tu as raison, quand on est seule ou seul devant son ordi
avec une montagne d'informations il y a de quoi avoir le vertige. C'est la
perversité du trop d'informations. Pour moi, la rencontre avec des
professionnels est essentielle, mais il faut aussi former les personnels qui
travaillent auprès des jeunes, car c'est souvent eux qui sont en première
ligne. Cette formation doit être volontaire, on a le droit de ne pas être à
l'aise pour le faire.
oui ... quand on se verra, je te raconterai :))))
Etre femme médecin ne prédispose pas obligatoirement à
accepter plus de pratiquer des IVG. Le droit à l'avortement s'est confronté au
pouvoir médical, mais pas seulement. Le féminisme a longtemps était l'apanage
des femmes et ce "pouvoir" sur la maîtrise de la fécondité est
toujours une affaire de femmes pour une raison simple : quoique l'on fasse,
c'est toujours les femmes qui sont enceintes ! Quant à l'acte médical qu'est
l'IVG il est mal rémunéré il n'est pas valorisé en terme de nécessité dans la
société.
J'ai toujours un train de retard.... Oui, les femmes
échouaient chez des opposants à l'IVG parcequ'ils avaient le droit de pratiquer
ces entretiens obligatoires et ils n'affichaient pas leurs convictions, avant
de les faire. Et puis tu ne peux pas savoir si un médecin est pour ou contre à
priori ou un même un radiologue qui pratique l'échographie.
J'ai lu le livre " j'ai avorte et je vais bien"
: est ceque cela correspond à ton exprience ?
Je ne l'ai pas lu... Mais, la plupart des femmes vivent
"bien" l'avortement, d'autant mieux quelles sont bien entourées et
respectées dans leur choix. Ce n'est pas un acte banale, mais ce ne doit pas
être un parcours du combattant....
Elisseievna d 'apres ce
livre cela l est encore souvent !
C’ est bien pourquoi je me pose la question de l’info sur
les delais reels
Oui, hélas... Il y a toutes sortes de raisons à ce fait.
L'accès à l'information est parfois un chemin semé d'embûches, et il y a des
déserts géographiques en la matière. Et puis une grossesse peut être
"désirée" ou "acceptée" à un moment et confrontéé au fil du
temps à d'autres réalités. C'est une décision importante et le temps passe très
vite et si l'on a des problèmes financiers c'est encore plus compliqué.
Et bien, cette vidéo nous aura beaucoup fait parler...
surtout moi, je suis intarissable sur ce sujet.... Mais, cette vidéo reste pour
moi réellement choquante !
Il est loin d'etre epuise le sujet justement !
Imagine-toi être au moment de ta décision et que tu
tombes sur cette vidéo, même si tu es enceinte de 5 semaines, cette image
restera gravée à tout jamais dans ta mémoire.... D'ailleurs, cette image ne va
pas me quitter facilement, il y a tant de détresse dans cette vidéo...
Il ne le sera jamais... Les générations se succèdent mais
de tout temps les femmes se sont confrontées à l'avortement. La contraception
est fiable, mais pas infaillible et les femmes non-plus.
Est ce que c'est le seul cas de figure à envisager ? moi
j'ai en memoire un film ou une jeune russe avorte, tard, et c'est quand le
"bebe" est sorti qu'elle s'aperçoit du stade de son evolution et elle
n'a PLUS le choix
Tu veux dire avorter : j'ai accompagné des femmes qui ne
pouvaient plus se faire avorter, souvent parce qu'elles ne savaient pas
qu'elles étaient enceintes. L'annonce de cet impossibilité est tragique et
souvent impensable... Il fallait prendre le temps pour accepter la situation.
Compte tenu de leur réaction, je les orientais, parfois vers une association
qui aidaient les femmes face à cette situation et qui les soutenaient à tout
point de vue. Le travail de cette association était, pour celles qui
l'envisageaient, de les aidert à prendre une décision pour l'adoption. Parce
que, un bébé, peut se retrouver dans l'impossibilité d'être adopté si la mère
ne le décide pas. Quand en France, dans les médias, on a commencé à parler de
déni de grossesse, la plupart des gens ne pensait pas que cela soit possible et
pour avoir rencontré des femmes dans cette situation, c'est très impressionnant
! Pour ma part, j'ai toujours posé la question de l'adoption avec les
femmes qui ne pouvaient plus avorter ou ne voulaient
pas avorter : il faut beauoup de courage pour aller jusqu'au bout ! Quelques
unes sont revenues me voir et c'était toujours très émouvant.
non je veux dire : elle n'avait plus le choix de decider
si elle voulait avorter à ce stade ou pas : quand tu vois la video, tu vois
qu'elle DECOUVRE au moment de l'avortement le stade de developpement du foetus
et qu'elle dit qu'elle en est triste : elle n' a pas eu le choix avant de se
demander si elle voulait etre dans cette realité là ou pas
Je crois que le probleme est le meme à des stades moins
avancé : si une femme réalise APRES son IVG du stade de developpement de
l'embryon et qu'elle ne le savait pas avant : comment le vit-elle ????
Je ne suis pas exactement une inculte tu vois, et
pourtant longtemps j'étais convaincue que l'avortement permis en france se
limite au stade des cellules indifférenciées ou au maximum au stade ou il
ressemble a un hyppocampe-dinosaurus, je n'imaginais même pas que cela puisse se
produire légalement à un stade ou l'embryon a des membres différenciés : "
Catherine Berranger Imagine-toi être au moment de ta décision et que tu tombes
sur cette vidéo, même si tu es enceinte de 5 semaines, cette image restera
gravée à tous jamais dans ta mémoire...." : alors moi j'imagine surtout ce
que j'aurais pensé si j'avais découvert tout cela en m'apercevant que j'étais
enceinte de 5 semaines, 5 semaines, cela veut dire avortement vers 7 ou 8
semaines si tout va bien ?http://www.magicmaman.com/,semaine-7,2073,1106338.asp et bien je me serais retrouvée
devant quelque chose d'inimaginable une semaine avant pour moi ... alors
comment on fait ? ou pire, je me dis, que vu la situtation et mes idées je
l'aurais fait et si je m'étais aperçue APRES l'IVG du stade de developpement
... comment on vit cela ?
Rétrospectivement j'ai l'impression d'avoir subi un vol
(dol) d'information, d'avoir pris des risques emotionnels dont personne ne
m'avait prévenue et meme, que le discours ambiant m'avait dissimulés
Je comprends, mais dans la plupart des cas les femmes
sont sous anesthésie, donc elle ne voit pas. Tant qu'une femme n'est pas
enceinte, tout reste théorique : on a vaguement appris. Enormément de femmes ne
savaient pas exactement le terme de leur grossesse et c'est l'échographie qui
révélait celui-ci. Certaines pensaient justement à un foeutus même si elles
étaient enceintes de 5 semaines et d'autres le contraire. Cette perception est
différente du temps où l'avortement était illégale et où il n'y avait pas
d'echographie. Trouver un moyen de ce faire avorter prennait le dessus sur
toutes autres considérations. Dans le film dont tu me parles, cette jeune-fille
est face à une réalité, soit l'essentiel pour elle est d'être débarrassée de ce
problème et peut importe le reste, soit c'est tragique et il n'y a plus rien à
faire. Elle devra vivre avec cette image. C'est pour cela qu'il faut encadrer
l'annonce du terme d'une grossesse non désirée, je veux dire,
par exemple, quand un échographe demande a une femme
si elle veut entendre le son du coeur, si elle ne veut pas de cette grossesse,
c'est difficile à vivre pour elle. Je pense que le médecin
peut demander si cette grossesse est désirée ou non
et que d'écouter le coeur n'est pas une nécessité. Je ne veux pas dire qu'il
faut mentir, il faut tenir compte de ce que la femme demande
ou dit. Quand les femmes partent en Angleterre,
elles sont obligées d'affronter la réalité : on ne parle pas seulement de
terme, mais aussi de mesures. Et c'est toujours très difficile, d'autant
plus que l'on est dans l'illégalité par rapport à la
France.
Je me souviens de débat sur le fait : "faut-il
obligatoirement, au cours de la formation, assister à une IVG ?". Je
faisais parti de celles qui étaient pour ! Il faut se "coltiner" la
réalité, c'est ce que le personnel médical fait, pourquoi pas nous ?
Finalement, personne n'y a était obligé. Les raisons de cette crainte sont
multiples.
La notion d'où commence le début de la vie est différente
pour chacune : pour autant, il faut être réaliste : interruption volontaire de
grossesse, cela signifie interrompre quelque chose, "la vie" pour
certains, où la "potentielle" vie pour d'autres. Dans les
interruptions médicales de grossesse (IMG) il n'y a pas de limite de terme.
Ce que je pense et c'est pour cela que j'ai mis cette
vidéo, c'est qu'il faut avoir réfléchi LONGTEMPS avant l''eventualité pour
pouvoir décider vraiment librement , pour être au clair avec soi meme et aussi
avec ce uque l'on demande aux soignants d'ailleurs - c'est bien trop tard quand
on est dans le stress d'une décision inattendue à prendre - bien sur qu'il ne
faut rien imposer sur le moment, c'est trop tard de toute façon, ce n'est pas
surtout pas le moment si on n'a plus envie de reflechir on ne peut plus
reflechir, mais il faut proposer de dire, tout, la rétention d'information est
tout aussi grave je pense, parce que qu'est ce que cela veut dire de ne pas
vouloir savoir ? c'est bien parce que l'on imagine que l'on ne supporterait pas
de vraiment savoir : et cela je pense que c'est terrible.
"Catherine
Berranger : Je comprends, mais dans la plupart des cas les femmes sont
sous anesthésie, donc elle ne voit pas. Tant qu'une femme n'est pas enceinte,
tout reste théorique : on a vaguement appris. Enormément de femmes ne savaient
pas exactement le terme de leur grossesse et c'est l'échographie qui
révélait celui-ci. Certaines pensaient justement à un foeutus même si elles
étaient enceintes de 5 semaines et d'autres le contraire. "
Cela confirme ce que je pense : la perception est tres
variable et peut ne pas correspondre a la realité : d'ou mon inquietude quant à
la realité du choix, et d'autre part quant aux consequences pour après, des
lors que l'on n'avait pas toute la realite a l'esprit quand on a choisi
Est ce qu'elles ont dit pourquoi elles refusaient ?
Mais la théorie est toujours différente de la réalité...
On peut très bien être persuadée d'être contre l'avortement et quand on se
retrouve dans une situation où l'on ne peut pas ou veut pas d'une grossesse
alors les choses changent... Rien ne peut réellement nous préparer. Il ne faut
pas blâmer les femmes qui ne veulent pas savoir, c'est leur façon de se
protéger à ce moment. Mais, cela peut être un problème qui va ressurgir à un
autre moment... Il ne faut ni dramatiser, ni banaliser.
Oui, il faudrait que je sorte de ma grotte et que l'on se
rencontre !
idem !!!
rien ne peut preparer au choc de la réalité c'est bien
certain, mais par contre le décalage entre ce que l'on vit et ce que l'on sait
de ce que l'on vit, cela on peut s'y préparer mais longtemps longtemps avant -
si il faut se proteger sur le moment c'est que de toute façon on ne peut plus
se proteger réellement et qu'on le sait, il ne reste plus qu'a amortir le choc
... pour ma part je comprends la violence de ceux qui veulent desesperement
eviter un avortement et pour cela qui culpabilisent les femmes dans la mesure où
ils esperent au dernier moment éviter quelque chose que la femme regrettera
forcement selon eux apres, ils esperent sauver un etre humain et sauver sa mere
d'une detresse pire apres, mais c'est extremement violent et peut etre que pour
certaines femmes c'est utile, mais pour d'autres c'est juste violent - j'en ai
parlé par ailleurs
Je ne peux pas admettre les violences des militants
anti-avortement vis-a-vis des femmmes en situation d'avorter : ils ajoutent la
souffrance à la souffrance que peut représenter cette décision. Elles ne
changent généralement pas d'avis, d'ailleurs. Il existe la liberté d'expression
et c'est un bien, mais s'en prendre directement aux femmes est une lâcheté ! A
l'époque où nous avons été confronté à ces mouvements, en France, la loi a
créer "le délit d'entrave à l'IVG" parce que ces militants
s'enchaînant au sein du bloc opératoire, empêchaient l'exercice d'une loi qui autorisait
l'IVG.
non, je ne crois pas. Mais je vais le faire
Oui, je me souviens de cette histoire. Lors d'une
emission, il avait cherché à dialoguer avec moi (après l'emission) mais c'était
impossible ! C'était ce que l'on appelle un dialogue de sourds ! Ton texte est
plein d'humanité. Le Planning est une association exceptionnelle, parce qu'elle
agit à partir d'un travail de terrain et pas seulement avec des théories. On ne
peut pas être militante et militant au planning sans avoir de pratique.
" Lors d'une
emission, il avait cherché à dialoguer avec moi (après l'emission) mais c'était
impossible ! C'était ce que l'on appelle un dialogue de sourds ! "
je ne comprends
pas la notion de "dialogue de sourds" en realite : pour moi tout est
question de travail , de patience : si on prend le temps d'aller en profondeur
dans l'analyse des propos de l'autre on comprends son raisonnement, la realité
qu'il voit ou pas, meme s'il faut être Hillel plus Stakhanov .. on peut se
comprendre
Dans la pensée catholique qui est la sienne : l'être humain
s'appartient dans sa vie, dès le début de cette vie, donc dès la conception,
donc il n'y a plus de marge de décision dès la conception, et dans le cas ou la
vie de la mere est en danger, ils considerent qu'il faut bien sur tenter de
sauver les deux, mais si ce n'est pas possible, ils considerent qu'une mere
doit se sacrifier pour son enfant, si j'ai bien compris ... il n'y a donc pas
de cas où la question de l'avortement se pose : je trouve cette pensée très
extrême, mais pas dans le sens pejoratif "extremiste" car elle est
basee sur le respect de la vie humaine et des plus faibles..
Tu as tout à fait raison en ce qui concerne la patience,
l'écoute, c'est de cette façon que l'on travaillait au planning. Mais quand tu
as devant toi un militant tel que Xavier Dor, il n'entend pas tes arguments, il
récite les siens, un point c'est tout.
Je respecte la pensée catholique, mais je ne veux pas qu'elle régisse les lois.
J'ai souvent parlé avec des femmes qui se débattaient avec leur conscience
religieuse et j'acceptais toujours d'aller sur ce terrain, ce qui n'était pas
forcèment du goût de mes collègues ! J'ai même téléphoné à un Imam, pour lui demander
: pour lui, où commençait la vie ? Sa réponse : vers le 4éme mois de grossesse,
d'après le coran "souffle de vie" ! Tu aurais vu la tête de certaines
de mes copines, mais c'était très important pour la femme que je recevais !
On ne peut pas plaquer un discours militant devant une
femme en demande d'IVG : c'est indecent !
Je ne peux pas te répondre pour Xavier Dor. Je crois
juste que tu pourrais réessayer, peut être que les circonstances ne s'y
prêtaient pas. Je lui ai envoyé mon article : il est affiché sur le site de SOS
tout-petits depuis. Quant à la laicité,
je suis pour la démocratie : donc pour que toutes les pensées puissent être
exprimées mais aux citoyen-nes de décider, en ayant tout ce matériel d'idées à
sa disposition. Un discours militant : la question me parait plutôt être :
comment peut on réellement y échapper ? Je trouve que tu as eu raison de
téléphoner à cet imam : c'est important de montrer à une femme en détresse
qu'elle peut être aidée dans sa demande. Je crois que face à de telles
situations, le "contenu" des informations compte moins que le "climat"
dans lequel on les apporte, il faut d'abord montrer que l'on veut vraiment
aider la personne qui s'adresse à vous, donc tenir compte de sa démarche à elle
... sinon à quoi bon être là ?
Tout à fait d'accord !
Pour être franche : non ! Je ne peux pas et je ne veux pas !
J'habite à côté de l'hopital Tenon, je ne savais pas qu'il y avait ces
prières... Pour moi, c'est déjà une agression pour les femmes qui sont en
demande d'IVG ou qui vont en subir une ! Quand je travaillais au planning, nous
sommes allées soutenir une grande manifestation à Washington pour les
"Pro-Choice" . Nous avons
assisté à une réunion à l'aube d'un "commando" "Pro-Choice"
avant leur intervention devant une clinique ! Il y avait deux camps devant la
clinique qui s'affrontaient et les femmes devaient passer au milieu pour
atteindre la clinique ! Même, si j'étais "Pro-Choice" pour les femmes
c'était affreux. D'ailleurs, à notre retour, nous pensions que ce n'était pas
la bonne méthode pour lutter contre les militants anti-avortement
Tu fais ce qui te plait J
Pour
ma part, j'ai peu milité pour l'IVG, mais je peux raconter ce que j'ai vu ...
Je ne me suis pas vraiment mobilisée sur ce thème parce que pour "ma
génération" c'était un "acquis", me semblait-il. Je suis arrivée
dans le féminisme pour d'autres sujets bien moins "acquis". J'ai
quand même participé à quelques activités, mais c'était après les commandos qui
entraient dans les cliniques.
J'ai
été une première fois soutenir je ne sais plus quel procès en banlieue, et nous
étions tous devant le tribunal, les anti-IVG/pro-vie et les féministes, et nous
avons pu discuter tranquillement ensemble : l'échange m'a paru très étrange :
je découvrais des très jeunes gens qui avaient l'air traumatisé à l'idée de ne
pas être vierges au mariage et je tombais de la lune !
La
deuxième fois a été à la Cour de Versailles quand Xavier Dor était jugé avec
d'autres. Là j'ai été sciée par l'âge de ce groupe, et pire ... j'ai cru
reconnaitre dans le groupe des accusés une vieille dame avec qui j'avais
manifesté pour les juifs d' URSS quelques années plus tôt.... Le climat était
très différent : les anar étaient là, et bousculaient, cherchaient la bagarre :
j'ai été très énervée : je trouve indécent que des boutonneux viennent se
défouler sur un sujet aussi important ...
Dans cette conversation, le journaliste tente de faire croire que le planning conseillerait l'IVG : mais l'enregistrement montre le contraire : la militante du planning refuse de décider à la place de l'homme qui appelle et encore de la femme concernée ! ....
... par enquete-debat
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