Je suis en total désaccord avec ceux qui prétendent défendre la caricature d'une femme noire en singe ou l'illustration d"un "sionisme oligachique" en araignée tenant entre ses pattes le monde entier, au nom de la "liberté d'expression.
Mais j'estime les lois antiracistes et mémorielles inopérantes, contre-productives pour protéger les personnes contre les effets de telles "expressions" de "pensée", ces loi sont mal conçues.
La liberté d’expression se justifie quand les propos
exprimés, aussi blessants qu’ils soient, constituent des idées, des
contributions à un débat, des propos ayant un sens.
La liberté d’expression ne légitime en aucun cas l’insulte
qui est dénuée de sens , qui ne contient pas l’ombre d’une idée, d’un argument,
qui n’est prononcée que pour blesser, humilier.
Figurer une personne noire en singe, c’est faire venir à l’esprit
ces théories qui ont placé les « nègres » entre humanité et
animalité, sans aucun argument, cela n’a pas d’autre sens que d’avilir la
personne en cause en niant son humanité. De plus en rappelant que ces théories
ne seraient peut-être pas sans fondement.
Voilà pourquoi ce montage est abject.
Que l’on puisse dans un texte argumenté sur les sciences,
sur les notions d’humanité, d’espèces vivantes, discuter de ces classifications :
aussi dangereux que cela puisse être, un tel débat relèverait du débat d’idées
et de théories.
Mais ce montage qui ne contient pas l’ombre d’un argument est
purement vexatoire.
J’ai déjà répondu sur
l’objection selon laquelle ces caricatures ont été faites pour des blancs
aussi.
D’une façon générale, caricaturer une personne en animal est
avilissant, et ne peut se justifier éventuellement que quand il s’agit d’animaux
auxquels un comportement bien précis est couramment attribué. Comme on utilise
couramment des expressions, des images, telles que « chien de garde » de « rat
quittant le navire », de « loups pour l’homme » ou même de « singes
faisant le singe » , on peut comprendre le sens d’un dessin figurant le
comportement similaire d’un être humain en le caricaturant en animal : c’est
le comportement qui est visé, ce n’est pas l’humanité de la personne qui est remise
en cause.
Par contre quand on représente des êtres humains en
vermines, c’est-à-dire en animaux purement nuisibles à éliminer, le message est
clair.
Quand pendant la guerre Pierre Dac parlait de la chasse aux
doryphores, il faisait allusion à des nuisibles certes, mais dans un cas où c’est
une invasion brutale de ces bêtes qui avait eu lieu quelques années plus tôt,
détruisant les récoltes, et c’est donc au comportement des allemands
envahissant la France et pillant aussi ses récoltes entre autres, qu’il faisait
allusion, il ne remettait pas en cause lui, l’humanité des allemands, même
nazis.
Je m’étais déjà opposée à la caricature en vermine d’Horia
Demiati qui a attaqué judiciairement Fanny Truchelut, pour ces raisons. Le
jihad judiciaire mené alors par cette militante du voile en entreprise et
ailleurs, ne fait pas d’elle un animal, encore moins un animal nuisible ...
L’affiche du documentaire « Oligarchie et sionisme »
montrant une araignée à tête humaine enserrant le globe terrestre de ses pattes,
relève de la même critique : ces auteurs ne peuvent sérieusement prétendre
ignorer l’utilisation de ce même dessin précédemment contre les juifs, par les
antisémites depuis les années 30, en Europe et dans le monde musulman ensuite.
Cette affiche ne contient en elle-même aucun argument, ce
manque d’argument est terrible car il signifie qu’il y a une évidence, que l’assimilation
entre juif et prédateur infect serait une évidence.
La même ignominie se trouve dans l’affiche du film « Amen »
montrant côte à côte Croix Chrétienne et Croix gammée, signifiant que leur
identité serait évidente, alors que le christianisme est aux antipode du
nazisme, « antéchrist » s’il en fut …
La même ignominie existe quand on affiche la couverture du
livre d’Hervé Ryssen « la mafia juive », montrant un ombre d’homme et
ce titre, car elle peut signifier aussi bien qu’il existe une mafia parmi les
juifs, ou que les juifs seraient une mafia.
Les doctrines conspirationnistes ou complotistes jouent
constamment sur cette ambiguité : tantôt on parle d’individus particuliers,
rarement nommés, tantôt de petits groupes ou « élites », rarement
nommées individuellement, souvent présentés comme clandestins et jamais
découverts, tantôt on parle de l’ensemble d’une population …
Dans les écrits conspirationistes, le défaut est que l'on ne dit jamais
"qui" précisément fait quoi,
cela permet d'avoir sans cesse un va et vient entre la représentation
d'individus, ou d'un petit groupe mafieux réellement, et la
representation d'un groupe entier, d'une population, tous désignés par un
"ils",
quand ce "ils" recouvre plusieurs générations confondues, on nage
en plein délire,
J'écoute Soral et ce va et vient, cette confusion est incessante dans ses
propos, entre "l'elite juive", et "l'ensemble",
or
la justice - et l'efficacité - c'est de déterminer exactment qui fait
quoi, qui est, a été responsable de quoi, ce n'est pas d'accuser en disant
"si ce n'est toi c'est donc ton frere" .., c'est d'agir contre les
gens précisement qui ont une mauvaise action, contre cette action, pas de
frapper a l'aveugle,
- quand on reprime des "ententes" entre entreprises (ex
entre fournisseurs de telephone mobile sur les prix), on reprime des actions
bien précises, c'est juste et efficace
ces écrits conspirationnistes " vaseux" sont dangereux et pour
moi répugnants pour cela, a cause de cette injustice à laquelle ils conduisent
-
je ne dis pas qu'ils n'ont pas une part d'utilité par certaines
informations précises qu'ils donnent, sur des actions précises,
mais ce que je vois moi surtout c'est qu'ils exacerbent la peur et la
rancoeur et la jalousie, ils "affolent" le lecteur, et puis
ensuite, jouent sur le sentiment de justice en insinuant au lecteur " tu
sais, si tu agis contre tous ces malfaisants, tu agiras bien, prépares toi,
mobilise toi ... " et on fait ainsi grandir la "rage"
C'est tout le contraire de la demarche de protection, du juge qui juge
exactement, precisement, qui prend des mesures précises et pas plus contre les
agressions, et tient compte des circonstances dont atténuantes précises.
Pour autant, ces écrits lorsqu’ils sont développés sous forme d’articles,
de livre ou de films complets, constituent des thèses, des idées argumentées, et
ils doivent pouvoir être publiés pour respecter la liberté d’expression,
De même que les thèses révisionistes : je suis de plus en plus
convaincue que même la loi Gayssot était nocive, comme l’a dit Simone Veil
elle-même lors de sa discussion.
Quand une thèse est énoncée, il faut et il suffit de la réfuter. Comme le
soulignait Simone Veil, dans le cas de la solution finale, ce n’est pas
difficile .. et comme le disait un des principaux historien de cette « Destruction
des Juifs d’Europe » Raoul Hilberg, Faurisson lui a posé des questions qui
l’ont intéressé.
Je crains par-dessus tout qu’à force de refuser le débat, ce soit l’histoire
réelle de cette période qui soit oubliée parce qu’elle sera enterrée sous un
flot d’images jouant sur l’émotion et non plus soutenue par le savoir …
Quand des thèses conspirationnistes sont énoncées, non seulement il faut et
il suffit de les réfuter, mais il ne faut SURTOUT pas leur interdire d’être
publiées, car alors on sert sur un plateau des arguments à leurs défenseurs qui
disent alors « vous voyez bien que les juifs ont le pouvoir » ….
Les lois sur la police suffisent pour empêcher les affichages d’insultes ou
de diffamation sous la forme de l’identification. Les affiches peuvent etre un
mode d’expression dangereux par les messages raccourcis qu’elles contiennent,
et il faut alors les interdire, ou les faire remplacer par des annonces ne
comportant pas ces identifications inacceptables.
Le problème qui a justifié l’intervention des lois antiracistes pour la
presse, était que l’action en justice ne pouvait être reconnue, exercée, lorsqu’un
texte ne visait pas une personne en particulier mais tout un groupe donc toute
personne de ce groupe. Paradoxalement plus grand était le nombre de personnes
menacées, moins chacune avait de possibilité de se défendre. Quand les juifs
sont figurés en vermine, ou traités de youpin, aucun M. Blum ne pouvait demander à un
tribunal de sanctionner l’auteur de l’insulte …
C’est ce point précis qu’il suffisait de modifier en reconnaissant, que
lorsqu’une insulte ou une diffamation vise l’ensemble des membres d’un groupe,
chaque personne de ce groupe est visée et donc toute personnne ou tout groupe
reconnu comme appartenant à ce groupe, doit pouvoir demander à la justice d’empêcher
la continuation de cette insulte ou de cette diffamation.
Il n’était pas besoin de prévoir l’action de groupe ayant pour objet même
ces poursuites. Il n’était pas besoin d’inventer un délit d’ « incitation à la haine » dont la définition est des
plus ambigues, alors que la définition des insultes et diffamation sont déjà
suffisamment difficiles, mais recouvrent à mon sens tous les propos à
incriminer, en sus des incitations directes à des violences.
Le grave reproche que je fais à la notion d’incitation à la haine, est qu’elle
criminalise des propos qui peuvent être vrais et justifiés par le souci
impérieux de protéger des personnes, même si ils sont blessants, et qu’elle
passe completement à coté du vrai probleme moral, qu’est la légitimation de la
haine : la vérité ne peut pas inciter à la haine si elle est énoncée en
condamnant la haine.
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