Deux valeurs fondamentales ou principes fondamentaux dans
notre civilisation font que l’on doit condamner l’achat de prostitution,
moralement et pénalement.
La première valeur est le souci de la personne humaine :
une personne doit voir son intégrité physique et psychique sauvegardée, une
personne ne doit pas être instrumentalisée, utilisée comme un objet.
La deuxième valeur est
l’interdit de profiter de son pouvoir pour abuser de la faiblesse d’autrui.
Ces deux valeurs sont primordiales pour la protection de la majorité du peuple face
aux abus de pouvoir de la part des plus puissants.
L’acheteur d’acte sexuel bafoue ces deux principes.
Il porte atteinte à l’intégrité physique ( car une relation
sexuelle non désirée est une atteinte physique), utilise une personne comme un
instrument de plaisir, et utilise son pouvoir financier pour obtenir un
consentement formel à ces atteintes de
la part de personnes suffisamment fragilisées, d’une façon ou d’une autre, pour accepter des atteintes physiques, des
atteintes aussi graves.
Aujourd’hui en France, des athées comme des croyants,
partisans du mariage ou pas, affirment partager ces deux valeurs, ces principes,
et en leur nom, condamnent l’achat de prostitution.
Mais aujourd’hui en France, deux courants de pensées s’opposent à la pénalisation de l’achat.
Certains athées libéraux se réclament de la notion de
liberté pour faire valoir que le consentement autorise l’instrumentalisation d’autrui.
Certains croyants condamnent la prostitution mais seulement comme
relation hors mariage et jugent que la
prostitutée est la plus coupable car tentatrice.
Ces athées libéraux
ont de la liberté une notion qui contredit la définition donnée par la
déclaration de 1789. La liberté a pour bornes celles qui permettent d’assurer
la jouissance des mêmes libertés aux autres. Or la liberté d’instrumentaliser autrui
grâce à son pouvoir financier, ne respecte ni la liberté réelle de la personne
instrumentalisée, ni la liberté des
autres femmes qui subissent, en raison de ce comportement, une pression pour
être elles aussi assujetties à la prostitution. La vision de ces libéraux est influencée par l’avidité,
la tentation de la jouissance, sans considération aucune pour autrui.
Ces croyants ont de la culpabilité une notion qui contredit
le souci de la défense des plus faibles contre la loi du fort. Leur vision de
la culpabilité est influencée par la tentation de la soumission à la loi du plus fort, qui incline à se ranger
dans le camp du plus fort, qui déforme le jugement sur les fautes respectives
du plus fort et du plus faible, et incline à avoir plus de complaisance envers
les fautes du plus fort, à lui trouver plus d’excuses, à finir par avoir plus
de compassion envers lui qu’envers sa victime.
Si nous voulons rester cohérents dans la défense de ces deux
valeurs, fondamentales dans notre civilisation, nous ne devons pas permettre l’achat
de prostitution. Poser cet interdit est un geste très symbolique, un geste clarifiant,
car le débat autour de la prostitution parait très confus, les valeurs en cause
dans la prostitution peuvent paraitre peu évidentes. En réalité, l’impression première
de confusion est due uniquement aux manœuvres trompeuses des partisans de la
prostitution, elle se dissipe dès lors que l’on analyse la question.
Poser cet interdit montrera à la fois que nous sommes déterminés à défendre ces valeurs, et que nous ne sommes
pas dupes des manœuvres de ceux qui veulent les bafouer. Déterminés à les
défendre à propos de cette question de la prostitution, comme à propos d’autres
domaines où ces deux valeurs sont ou seraient en jeu.
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