Appeler délibérémment une personne
d'un nom ou d'un qualificatif qu'elle récuse, c'est l'insulter. J'ai toujours,
depuis que j'aborde le sujet la définition de l'islam et de sa critique, récusé
le mot islamophobe et islamophobie et dénoncé l'amalgame malhonnete auquel ils
correspondent. Me traiter d'islamophobe est donc une insulte.
voici ce que François Munier écrit
sur le blog de Christian Delarue dans Médiapart :
" elisseievna, l'islamophobe
bien connue"
j'ai demandé un droit de réponse à
Médiapart
J'écrivais par exemple en 2007 :
"Le sophisme de l’utilisation de la critique «
d’essentialisme » contre certains islamologues ou critiques de l’islam, repose
sur la confusion entre les personnes humaines, que sont les musulman-e-s, qu’il
ne faut bien entendu pas « essentialiser », et la doctrine, le droit, la
religion qu’est l’islam. Il joue donc exactement sur la même confusion que le
néologisme « islamophobie » : confusion entre islam et musulmans, entre
critique de l’islam et haine des musulmans, entre blasphème et racisme."
et en 2003 avec le CERF :
"DEFINITIONS : RACISME, RACISME ANTI-ARABE, RACISME ANTI-MUSULMANS, ISLAMOPHOBIE
Nous définirons ici comme
"racisme"; l'attribution de caractères généraux à un population
déterminée en fonction de ses "origines" familiales ou géographiques,
censées correspondre à une "race" humaine.
Proche du racisme peut être le fait
d'attribuer des caractères généraux à une population déterminée en fonction de
sa religion présuméee. On peut être "raciste anti-musulmans" si l'on
attribue à priori à tous les musulmans des caractères négatifs, sans que cela
repose sur la réalité de leurs convictions ou de leurs comportements.
Le terme "islamophobie" est
trompeur. Ce n'est pas la "phobie" de la religion musulmane qui peut
être critiquée. On peut avoir peur de l'islam et le dire, et expliquer
pourquoi.
Par contre, on ne doit pas jeter
l'opprobre sur les musulmans, inciter à la haine envers eux, on ne doit pas
être "musulmano-phobe".
Il est évident que la limite entre les
deux n'est pas toujours évidente. Il est encore assez simple de reconnaître un
acte de discrimination envers une personne en raison de sa
religion. Mais distinguer la critique d'une religion de l'incitation
à la méfiance, au mépris, et même à la haine, envers ses adeptes, peut être
moins évident.
On est libre de penser que l'islam est
"con", et en général de penser que toutes les religions sont débiles.
Il n'est pourtant pas exclu d'avoir la modestie de penser que l'on ne connaît
peut être pas assez la façon dont les individus, les croyants vivent leur
religion, pour savoir s'ils la vivent nécessairement si bêtement. En tout cas,
il est difficile de croire que quelqu'un qui dit cela, ne se rend pas compte
qu'il peut inciter au mépris des croyants. Dès lors, la morale, sinon le droit
strict, veut qu'il prenne un minimum de précautions pour ne pas encourager, ou
laisser croire qu'il encourage, ce mépris[1].
De même on est libre de penser que les
textes sacrés musulmans sont violents, ou même qu'ils mènent nécessairement à
la violence, mais si l'on dit cela on peut difficilement prétendre ne pas
savoir que l'on risque d' amener certains à penser que tous les musulmans
sont violents. Or il ne faut pas diffamer les croyants, musulmans ou autres, en
leur imputant des comportements qu'ils n'ont pas.
On peut penser, et dire, que
nécessairement, logiquement telle religion mène à la violence, mais on n'a pas
le droit d'affirmer que c'est le cas, qu'elle y amène effectivement
systématiquement, comme si la réalité donnait raison à cette théorie, alors que
cela n'est pas vrai, alors que tous les croyants sont loin de verser dans la
violence. Car en passant de l'affirmation d'une logique théorique, à
l'imputation de faits à l'encontre d'un groupe, on franchit la frontière entre
idées et diffamation; à ce moment là, on diffamerait les croyants de cette
religion.
On voit ainsi que la distinction n'est
pas simple, entre les discours critiques contre la religion, et les discours
diffamatoires envers les croyants, entre la critique de l'islam,
"islamophobie" critique, et la diffamation des musulmans,
"islamophobie" discriminatoire.
Mais on voit aussi, qu'avec quelque
effort, en prenant la peine de faire les mises au point nécessaire, on peut
fort bien prévenir une lecture favorisant haine, discrimination, violence,
envers les musulmans comme envers d'autres croyants."
(En réalité, cette
définition du "racisme" est large, bien au delà de ce qui est
reprochable moralement, car le fait que les groupes humains, à un moment donné
aient tel ou telles "caractéristiques générales" peut être
envisagé ou avéré et est en soit "neutre", ce qui pose un problème
moral est le fait de penser qu'en raison de ces caractéristiques, tel groupe
humain aurait moins de droit à la dignité, à la vie. Rappelons que le code
pénal est souvent présenté comme créant un délit d'opinion de racisme ... alors
qu'il ne définit pas le "racisme")
A propos du mot " islamophobie" : il n'a absolument pas été inventé par les iraniens, comme le bruit court ici depuis quelques années, il est utilisé depuis au moins le début du XXeme siècle, dans des livres français sur les colonies de l'époque.
« Quoi qu’en disent ceux pour qui l’islamophobie est un principe d’administration indigène, la France n’a rien de plus à craindre des Musulmans en Afrique occidentale que des non-Musulmans. (…) L’islamophobie n’a donc pas raison d’être dans l’Afrique occidentale, où l’islamophilie, dans le sens d’une préférence accordée aux Musulmans, créerait d’autre part un sentiment de méfiance parmi les populations non-musulmanes, qui se trouvent être les plus nombreuses. L’intérêt de la domination européenne, comme aussi l’intérêt bien entendu des indigènes, nous fait donc un devoir de désirer le maintien du statu quo et de garder une neutralité absolue vis-à-vis de tous les cultes.6 » Maurice Delafosse Maurice Delafosse, « L’état actuel de l’Islam dans l’Afrique occidentale française », Revue du monde musulman, vol. XI, n°V, 1910, p. 57.
« L’islamophobie
– Il y a toujours eu, et il y a encore, un préjugé contre l’Islam répandu chez les
peuples de civilisation occidentale et chrétienne. Pour d’aucuns, le musulman
est l’ennemi naturel et irréconciliable du chrétien et de l’Européen, l’islamisme
est la négation de la civilisation, et la barbarie, la mauvaise foi et la
cruauté sont tout ce qu’on peut attendre de mieux des mohamétans. »
il « semble que cette prévention
contre l’Islam soit un peu exagérée, le musulman n’est pas
l’ennemi né de l’Européen, mais il peut le devenir par suite de circonstances
locales et notamment lorsqu’il résiste à la conquête à main armée10 ». Alain Quellien, La politique musulmane
dans l’Afrique occidentale française, Paris, Émile Larose, 1910, p. 133.
« [m]alheureusement, l’Europe a des traditions politiques
qui datent des Croisades ; elle ne les a pas abandonnées et, si elle est
tentée de les oublier, les Islamophobes tels que [William E.] Gladstone [ancien
Premier ministre britannique], [Lord] Cromer [consul britannique en Egypte],
[Arthur J.] Balfour [ancien Premier ministre et ministre des Affaires
étrangères britannique], l’archevêque de Canterbury et les missionnaires de
toutes confessions, etc., se dressent immédiatement pour l’y ramener ».
« L’islamophobie ne pouvant plus rien rapporter devrait
donc s’éteindre et disparaître. Si elle persistait, elle prouverait
définitivement à toute l’Asie et à toute l’Afrique que l’Europe veut les
asservir à un joug de plus en plus tyrannique. (…) Si, au contraire, l’Europe
s’entendait cordialement avec l’Islam, la paix du monde serait assurée24 ».
Nacir Ed Din Etienne Dinet et Sliman Ben Ibrahim Baâmer, Le pèlerinage à la maison sacrée d’Allah,
Paris, Hachette, 1930, p. 167.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire