Asia Bibi risque la mort pour un verre d’eau, parce que des musulmanes se sont senties humiliées de ne pas pouvoir l’humilier en lui interdisant de boire dans le même verre qu’elles.
La fureur de celui ou celle qui se croit en droit d’humilier et n’y parvient pas est sans fond, son feu ne s’éteint que dans la violence. La nature, pour notre survie, nous donne un plaisir instinctif à avoir le dessus. Mais l’idolâtrie de la force et de l’humiliation transforme cette émotion en destructivité morbide.
Voilà pourquoi humilier est grave, et encore plus grave une quelconque justification d’un droit d’humilier.
Voilà pourquoi les féministes, dont la priorité est la lutte contre les violences, en viennent à se préoccuper de ces phénomènes à première vue dérisoires : les signes d’humiliation. Celles qui aident des femmes victimes de violence conjugale ou de violence au travail constatent que ces actes commencent par des marques de mépris, par le dénigrement, par la maltraitance psychologique, utilisés pour affaiblir la victime.
Voilà pourquoi une question de valeur fondamentale nous est posée par de « si petites humiliations », tel l’affront à la présidente Mazetier.
La pensée biblique cabalistique parle d’un Dieu qui se fait plus petit pour donner vie à la création, les rabbins expliquent que faire honte à autrui publiquement est comme verser son sang, et Jésus proclame que ce que l’on fait aux plus petits, on le fait à lui, [fils de] Dieu : touche pas à la vie que je donne, à ma création. Ce dieu refuse comme une tentation diabolique de régner par la force sur des empires.
Notre pensée occidentale a produit, contra legem en quelque sorte, une idolâtrie de la force et de l’humiliation, de Sade à Hitler, une légitimation d’un droit de jouir sans entrave de tuer et d’humilier, d’une « liberté qui se paie de la mort de l’autre » (Élisabeth Badinter).
La pensée islamique justifie l’avilissement des infidèles et des femmes. Son Dieu, lui, « aime les forts, les endurants » qui, pour lui et sa conquête des empires, « tuent et sont tués ».
Ainsi, à son retour de croisade, Saint Louis imposa aux juifs le port de la rouelle jaune, la marque jaune imposée aux juifs en Orient, car pour les oulémas il faut « contraindre les dhimmis au respect et à l’humilité tant dans leurs paroles que dans leurs actes, afin qu’ils soient sous le talon de tout musulman ». « Notre religion glorieuse n’attribue aux juifs que les marques de l’avilissement et de l’abaissement ».
Pourtant, les savants de l’islam ont des enseignements très clairs contre l’humiliation d’autrui. Il suffirait de pas grand-chose pour arrêter la persécution des Asia Bibi : qu’ils voient, comme leurs frères, les femmes et les infidèles.
Avant Mazetier, j’ai protesté contre des insultes envers Demiati (une militante du voile), Fourest, Marine et Marion Le Pen, Taubira. Il faut faire voir que les droits de base sont pour tout le monde…
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