Le féminisme : veille des consciences
Alain de Benoist tente de nous expliquer que le
féminisme ne sert à rien et est théoriquement inconcevable. http://www.bvoltaire.fr/alaindebenoist/feminisme-veut-il-encore-dire-quelque-chose,98497 Je lui
répondrai sur les deux points.
I A quoi sert
le féminisme ?
Le féminisme est une veille des consciences. Une
tentative pour empêcher les violences sexistes, physiques ou morales.
Les violences sexistes viennent de la différence
physique entre hommes et femmes, de la force physique des hommes. L’explication
est toute simple et suffisante.
Le défi que cette situation pose à l’être humain est
immense : surmonter la dérive de cette force, bénéfique en soi, en
violence. Le féminisme comme l’idéalisme chrétien sont des tentatives pour
relever ce défi.
Le féminisme choque car il parait être une
aberration, une perversion. Il parait être fauteur de conflit là où l’amour
devrait régner, entre homme et femmes. Les féministes sont vues comme des
walkyries, initiatrices d’une « guerre des sexes » sur le modèle
d’une « lutte des classes », dominées contre dominants. Mais son but
est tout autre.
Christine Delphy, féministe
« universaliste », explique à mon sens la raison d’être du féminisme
en disant en substance : tant que
le patriarcat domine, il est impossible de savoir si l’amour entre homme et
femme existe réellement. Propos lapidaire qui met en évidence la nature du
problème social et moral.
Les féministes ambitionnent de démolir les
mécanismes sociaux, les idéologies permettant les violences, donc s’opposant
aux efforts des couples pour vivre un amour véritable. « Nos luttes
changent la vie entière » : vocabulaire de combat pour un rêve fleur
bleue.
Le féminisme ne crée pas les conflits, il les
révèle, il rend conscient les oppositions d’intérêts, sources potentielles
d’injustices ou de violences pour les désamorcer.
Lorsque je lis les livres d’Yves Semen sur la notion
chrétienne d’amour conjugal comme don total à l’autre, face à toutes les
épreuves, je retrouve l’idéalisme de Christine Delphy. Le féminisme n’est nullement en contradiction
avec cet idéal, il ajoute une donnée cruciale pour l’atteindre : la bonne
volonté des hommes et des femmes, individuellement, ne suffit pas toujours.
Le féminisme est une veille des consciences,
constante, pour révéler le mal des violences sexistes et les mécanismes sociaux
qui les rendent possibles, et souvent, invisibles, inconscientes.
Le féminisme ne peut pas être dépassé, sauf à
changer la nature humaine : les mécanismes délétères, personnels et
sociaux ressurgissent toujours sous diverses nouvelles formes, produits de
l’égoïsme naturel de tout être humain.
« Féministe tant qu’il le faudra ». La
veille des consciences sera toujours indispensable.
II
L’idéologie féministe et l’antiféminisme
Les antiféministes enferment le féminisme dans une
fausse alternative théorique. Soit le féminisme est universalisme, nie
toute différence, et alors il détruit son objet : la femme comme être
différant de l’homme. Soit le féminisme est différentialisme et alors il perd
son objet puisque la différence exclue la possibilité d’une égalité :
n’est égal que ce qui est égal toutes choses semblables par ailleurs. Pour les
antiféministes, le différentialisme, conforme à la loi naturelle, exige que les
femmes acceptent leur définition de la féminité.
La féminité est, selon eux, la renonciation au
pouvoir, le don total de soi, le fait de s’en remettre totalement à l’homme.
Leur sophisme consiste à oublier que l’amour est don réciproque, renonciation
réciproque au pouvoir sur l’autre, acceptation réciproque du pouvoir de l’autre
pour se préserver quand il le faut, comme on le lui souhaite ....
Les élucubrations « queer » sur le
« genre » ont été attribuées au féminisme. Certes les féministes ont
utilisé la notion de genre pour expliquer que la « féminité » était à
la fois naturelle et culturelle. Mais le « queer » va plus
loin : il rejette toute référence à une donnée naturelle comme
discriminatoire et conteste jusqu’à l’utilisation du
mot « femme ». Or s’il n’y a plus de « femme » il n’y
a plus féminisme non plus.
Les conséquences de cette théorie sont gravissimes.
La grossesse, disent ces universalistes délirants, ne peut-être créatrice de
droits pour la femme. Tout est choix, disent ces fanatiques de la
désincarnation, et comme tous les choix, la prostitution, la GPA, le voile,
doivent être « libres »…
Pour ma part, je me définis comme « féministe
universaliste matérialiste ».
L’universalisme signifie la prééminence des éléments
universels communs à tous les êtres humains, et non la négation des éléments
différents.
La liberté intérieure du libre-arbitre et l’aptitude
à la réflexion sur sa situation matérielle avec ses contraintes et ses choix,
figurent parmi les éléments communs aux deux sexes, propres à leur commune
humanité.
Comme la
violence sexiste vient de la différence physique entre hommes et femmes,
le féminisme doit être matérialiste pour s’opposer à la violence. Matérialiste
et réaliste : reconnaissant la réalité physique du corps, différent selon les
sexes.
Mais oui : le féminisme est
« pensable »…
L’antiféminisme revendique le pouvoir (dont le
langage) comme apanage de la masculinité. Le queer détruit aujourd’hui les mots
pour dire les violences sexistes.
Hier traitées de « bas-bleu », aujourd’hui
de « transphobes », les féministes « radicales » continuent
de prendre la parole, de dire ces violences, d’éveiller les consciences. MJ
Bonnet critique PMA et GPA. La Coordination lesbienne en France a quitté
l’inter-LGBT qui revendiquait la « liberté » de la prostitution et de
la GPA.
Mais non, le féminisme n’est malheureusement pas
dépassé.
Elisseievna aout 2014
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