Nous n’avons ni droit à l’amour ni au sexe ni à l’enfant
Certains propos semblent sortir d’une momie, des temps les
plus antédiluviens, et encore ... Mais non. Ils sont tout récents.
Un psychiatre et député ( Nicolas Dhuicq, Les Républicains)
nous explique que tout le monde peut aller en prison : « un crime
passionnel » peut arriver au plus honnête citoyen…
Un avocat ( Nicolas Gardères, EELV) nous dit que la loi
venant d’être votée contre la prostitution serait anti-constitutionnelle. Un
antiraciste émérite ( Pierre-André Taguieff) accuse les féministes
abolitionnistes d’androphobie et d’une volonté de punir les hommes.
Une avocate (Brigitte Bogucki) explique à une députée
socialiste (Anne-Yvonne Le Dain) que le droit actuel reconnait un droit à
l’enfant par la PMA et la GPA.
L’homme qui assassine sa femme estime avoir droit à l’amour
– et à la vengeance. L’acheteur de prostitution estime avoir droit au sexe.
L’acheteur de gamète ou de grossesse estime avoir droit à l’enfant. Avoir le
droit de faire prendre à une femme le risque parfois mortel d’une grossesse
puisqu’il la paye, avoir le droit d’arracher le nouveau-né à sa mère sans se
préoccuper du bouleversement du bébé.
Or, nous n’avons ni droit à l’amour ni droit au sexe ni
droit à l’enfant.
Si affirmer cette inexistence est moraliste, je suis
moraliste. Voilà bien un droit qui est
refusé : celui de seulement prononcer le mot de morale. Mais comme je ne
vois pas pour quelle raison le refuser, je le prends. Par contre les raisons de
refuser une réquisition d’amour, de sexe ou d’enfant, je les vois bien.
Peut-on vivre sans amour ni sexe ni enfant ? Sans
doute. Sans doute bien mal. Mais même à supposer que ces aspirations soient
aussi matériellement vitales que l’alimentation ou la chaleur : a-t-on le
droit de vivre au prix de la vie d’autrui, le droit de jouir au prix de la
santé ou de la souffrance d’autrui ? Non. Parfois la vie n’est pas possible.
Non : effectivement, parfois elle n’est pas possible. Parfois, on a de la
chance : seule la vie sans souffrance terrible, n’est pas possible, mais
la vie demeure, du moins tant que la souffrance ne l’épuise pas.
A l’extrême la logique de ma hiérarchie des droits aboutit à
dire qu’une femme n’a pas le droit de prendre la vie d’un être pour préserver
sa propre santé ou même sa propre vie … mais le raisonnement vaut aussi pour
son enfant. Qui est prioritaire : le plus fragile ou le plus
souffrant ?
Tous les raisonnements opposés sont des légitimations du
cannibalisme. Moussaillon tu as tiré la plus courte paille et tu seras mangé.
L’habillage du droit du plus fort de détruire et tourmenter plus faible que
soi. Au fond, qu’il s’agisse de détruire et tourmenter pour conserver sa propre
vie ou pour soulager sa propre souffrance ou par pure jouissance : l’acte
n’est-il pas identique ? Un être
détruit ou tourmente un être plus fragile.
Et par là se détruit, dans sa propre humanité. Définition de
l’enfer sur terre.
elisseievna
Débat GPA : Anne-Yvonne Le Dain, Brigitte Bogucki, Caroline Roux et Alexandre Urwicz (01/04/16, LCI)
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