Judaisme et mémoire
de la Guerre
Je voudrais présenter un
point de vue juif, un point de vue de morale juive, sur le problème de la
mémoire de la Guerre.
« Souviens toi
d’Amalek ! » dit la Bible. Amalek voulut jusqu’au bout la destruction
des juifs, rien ne put l’en dissuader, Amalek était un monstre. Pourquoi nous est il recommandé de nous en
souvenir ? Parce qu’il est difficile de croire aux monstres, de les voir
même lorsqu’ils sont en face de nous, et par conséquent de s’en protéger.
Malheureusement, se
souvenir ne suffit pas, et même, le culte du souvenir des monstres d’hier sert
maintenant aux traitres à maquiller leur collaboration avec les monstres
d’aujourd’hui ...
Quel était la source du
mal ? La vision maladive d’Hitler qui estimait que par le seule volonté de
vivre, les humains des races inférieures menaçaient la survie de la race
supérieure, et voyait dans les juifs une race pire qu’inférieure :
malfaisante par essence. Cette vision justifiait à ses yeux leur
anéantissement. Vision qu’il a su faire partager par son livre « Mon
combat » hier comme aujourd’hui.
Pourtant en 2011, une
militante et journaliste, s’affirmant féministe et anti-colonialiste, Rokaya
Diallo écrivait :
« L’antisémitisme nazi ne sert jamais à
justifier une domination ou l’exploitation d’autres peuples »
« L’idéologie nazie, si elle a prêté aux Juifs
les caractères négatifs que l’Eglise leur avait déjà associés ( fourbes,
assoiffés par l’argent,etc..) ne leur a jamais attribué de caractéristiques
inférieures, au point de les dire rusés voir plus intelligents que la moyenne
.. mais perçus comme des populations nuisibles et malsaines » ("Racisme mode d'emploi" 2011) (http://laredacnomade.over-blog.com/article-rokhaya-diallo-et-ses-indivisibles-qui-divisent-86129697.html Yann Barte, Le Courrier de l'Atlas, octobre 2011)
Non .. elle ne sert
pas à les exploiter … juste à les exterminer ( !)
La conception de Diallo
des « caractères négatifs » ou « caractéristiques
inférieures » parait très restrictive, étant donné la description des
juifs dans Mein Kampf :
« Le peuple dont le parasitisme fait souffrir
toute l’humanité : le peuple juif »
«
les grands maîtres du mensonge »
(citant Schopenhaeur »
« Car était-il une saleté quelconque, une
infamie sous quelque forme que ce fut, surtout dans la vie sociale, à laquelle
un Juif au moins n’avait pas participé ? Sitôt qu’on portait le scalpel
dans un abcès de cette sorte, on découvrait, comme un ver dans un corps en
putréfaction, un petit youtre tout ébloui par cette lumière subite. »
« Le Juif ne possède pas la moindre capacité à
créer une civilisation, puisque l’idéalisme, sans lequel toute évolution
élevant l’homme apparaît impossible, lui est et lui fut toujours
inconnu. Son intelligence ne lui servira jamais à édifier mais bien à
détuire. »
« Tout le progrès de l’humanité s’accomplit
non par lui, mais malgré lui »
«
Si les juifs étaient seuls au monde, ils
étoufferaient dans la crasse et l’ordure, ou bien chercheraient dans des luttes
sans merci à s’exploiter et à s’exterminer, à moins que leur lâcheté, où se
manifeste leur manque absolu d’esprit de sacrifice, ne fasse du combat une
simple parade ».
J’estime
que les propos de Rokhaya Diallo sont la négation d’un des éléments essentiels
de la cause de la « Shoah ». En tant que telle ils sont infects,
moralement. Pour autant il ne s’agit pas de négation de l’existence de la
Solution finale.
De même, quand Jean-Marie Le Pen affirme
que les chambres à gaz seraient un détail de l’histoire de la Guerre, il ne nie
pas la Solution finale. La cour d’appel de Versailles en 1991 a justement expliqué que l’emploi du
mot « détail », dont une des autres significations dans
« l’usage courant » est « chose sans importance » était une
faute au sens de l’article 1382 du code civil, c’est à ce titre qu’elle a
condamné Jean-Marie Le Pen, et non pour négationnisme.
Le négationnisme a une
définition juridique. Il est selon
l’article 24 bis de la loi sur la presse de 1881 modifiée par la loi du 14
juillet 1990, le fait de :
« ceux qui auront contesté, par un des moyens
énoncés à l'article 23, l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité
tels qu'ils sont définis par l'article 6 du statut du tribunal militaire
international annexé à l'accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis
soit par les membres d'une organisation déclarée criminelle en application de
l'article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels
crimes par une juridiction française ou internationale.»
La loi de 1990 incrimine donc le fait de contester
l’existence d’un de ces crimes. Pas le fait de discuter de leurs
caractéristiques particulières, du degré d’horreur qu’ils peuvent soulever, ou
de les comparer entre eux ou à d’autres crimes.
Ces crimes sont les
suivants selon l’article 6 du statut du tribunal militaire de 1945 :
« (a) ' Les Crimes contre la Paix ': c'est-à-dire la direction, la
préparation, le déclenchement ou la poursuite d'une guerre d'agression, ou
d'une guerre en violation des traités, assurances ou accords internationaux, ou
la participation à un plan concerté ou à un complot pour l'accomplissement de
l'un quelconque des actes qui précèdent;
(b) ' Les Crimes de Guerre ': c'est-à-dire les violations des lois et coutumes de la guerre. Ces violations comprennent, sans y être limitées, l'assassinat, les mauvais traitements et la déportation pour des travaux forcés ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, l'assassinat ou les mauvais traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, l'exécution des otages, le pillage des biens publics ou privés, la destruction sans motif des villes et des villages ou la dévastation que ne justifient pas les exigences militaires;
(c) ' Les Crimes contre l'Humanité ': c'est-à-dire l'assassinat, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu'ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime. »
(b) ' Les Crimes de Guerre ': c'est-à-dire les violations des lois et coutumes de la guerre. Ces violations comprennent, sans y être limitées, l'assassinat, les mauvais traitements et la déportation pour des travaux forcés ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, l'assassinat ou les mauvais traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, l'exécution des otages, le pillage des biens publics ou privés, la destruction sans motif des villes et des villages ou la dévastation que ne justifient pas les exigences militaires;
(c) ' Les Crimes contre l'Humanité ': c'est-à-dire l'assassinat, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu'ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime. »
Un des problèmes de la
mémoire de la Guerre est le risque de confusion entre
deux horreurs : l’horreur de l’intention criminelle et l’horreur de
l’effet, la violence subie.
Si la « Shoah » est
unique, peut être considérée comme « le crime des crimes », c’est en
raison de l’accumulation d’horreur dans l’intention criminelle : dans la
volonté de détruire absolument, dont les chambres à gaz sont la traduction, dans
l’accumulation de prétendues justifications de la haine au long des siècles
contre les victimes.
Mais les morts juifs de la
Solution finale ne sont pas plus victimes que les autres morts de la guerre.
Le talmud
dit qu’assassiner un être humain, tout être humain est comme anéantir un
monde : tout aussi épouvantable, et ceci quelles que soit les conditions
de sa mort.
Rappeler que les circonstances de la mort des juifs ont eu
des caractéristiques historiques uniques, n’empêche pas dire qu’il a eu des
millions de morts tout aussi épouvantables pendant la seconde guerre.
Je mets en garde : nous ne pouvons nier ce caractère tout
aussi épouvantable sans renier l’idée fondamentale du judaïsme de l’égalité en
dignité des humains nés d’un humain unique.
Voilà Riposte laique accusée de négationnisme … je ne
vois pas de négationnisme dans l’article critiqué.
Jean-Louis Burtscher écrit :
« Je ne connais pas personnellement Jean-Marie Le Pen ni
les raisons du contexte de sa récente déclaration sur les chambres à gaz (…) Et
pourtant, si Jean-Marie Le Pen avait raison ? (…) Et les 26 millions de morts
subis par les pays de l’Union soviétique étaient-ils des quantités négligeables
par rapport au 6 millions de gazés ? Sait-on qu’il y eut plus d’un millier
d’Oradour-sur-Glane en Russie ? Oui, vous avez bien lu, mille fois plus qu’en
France ! Les nazis considéraient les Russes comme des Untermenschen, des
sous-hommes, ce n’était nullement le cas pour les Français. Sur ce point,
Jean-Marie Le Pen avait aussi raison. (…) Alors, cessons cette comédie
ridicule. Certes, la Shoah a été une chose épouvantable, mais ni plus ni moins
que les milliers d’horribles détails qui constituent l’histoire de la Seconde
Guerre mondiale. Il n’y a pas de morts meilleurs et plus à plaindre que
d’autres. Pourtant, c’est ce qu’on voudrait nous faire croire. » http://ripostelaique.com/non-a-la-banalisation-de-lextermination-des-juifs.html
Jean-Marie Le Pen a eu tort d’employer ce terme pour
la raison donnée par la cour en 1991 : la signification de « chose
sans importance » de ce mot. Mais cet auteur, lui, ne laisse planer aucun
doute sur la gravité de la Shoah, qu’il qualifie d’épouvantable. Il pose la
question de la pertinence du mot détail dans son autre signification :
celle d’aspect non essentiel d’un évènement.
La
réponse a déjà été donnée par Simone Veil qui disait : « « l’extermination, la tentative d’ extermination, c’est
elle qui est en cause, parce que la décision d’ extermination prise en 1942 par
les nazis et Hitler, ce n’était pas 500, 1000 ou un million que l’on devait
tuer, c’était l’idée même que l’on devait tuer toute personne juive, tout
enfant. » « cinq
millions, six millions … avec les archives russes qui viennent de sortir, qui
montrent qu’il y a eu en fait des exactions en Russie que l’on sous-estimait,
des villages entiers où les gens ont été passés comme cela à la mitrailleuse,
sans chambre à gaz. Même le débat sur les chambres à gaz est idiot : le fait
qui est important c’est cette volonté » http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/I05003752/simone-veil-a-propos-du-revisionnisme.fr.html -
voir aussi : http://elisseievnatome2.blogspot.fr/2013/08/loi-gayssot-et-chambres-gaz-propos-de.html
Pour ma part j’estime que l’existence des chambres à gaz est une
donnée essentielle en tant qu’une des traductions, une des manifestations les
plus évidences de cette volonté.
Dans
un autre article paru dans Riposte laique, Martin Moisan écrit :
«
Dire que « la Shoah a été une chose épouvantable,
mais ni plus ni moins que les milliers d’horribles détails qui constituent
l’histoire de la Seconde Guerre mondiale« , c’est nier le fait
que seuls les Juifs ont été pourchassés en raison de leur race, volontairement,
systématiquement — c’est donc participer à la négation de l’antisémitisme nazi
et de la mise en oeuvre spécifique du génocide des Juifs. » http://ripostelaique.com/chambres-a-gaz-je-suis-excede-par-la-nouvelle-affaire-le-pen.html
Jean-Louis Burtscher ne
nie pourtant aucunement ce « fait que seuls les Juifs ont été pourchassés en raison de leur
race, volontairement, systématiquement ».
Il rappelle que d’autres crimes
« épouvantables » se sont produits pendant la guerre et rappelle
qu’ils ont eux aussi été commis en raison de la race des victimes. Il est impossible de nier ce fait là, , l’existence
de cette « raison » raciste là à ces crimes là, sans … tomber soi
même dans la négation d’un des aspects essentiels des crimes faisant l’objet de
la loi de 1990 contre le négationnisme.
Elisseievna
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